Du 2 au 4 décembre 2020, l'Évaluation indépendante du développement (IDEV) de la Banque africaine de développement a accueilli virtuellement la Semaine de l'évaluation du développement 2020 de la BAD, sous le thème: De l'apprentissage au changement transformationnel en Afrique:Accélérer la réalisation des objectifs de développement durable par l’Afrique au cours de la décennie d’action.
Qu'est-ce qui a été discuté à la Semaine de l'évaluation 2020 ?
En raison de la pandémie COVID-19, l'événement s'est déroulé virtuellement, sous la forme d'une série de webinaires qui comprenait des présentations et des tables rondes et une clinique de renforcement des capacités.
Actes, présentations et couverture vidéo :
Jour 1 - Mercredi 2 décembre 2020
Clinique des opérations d’IDEV
Point clés :
L'évaluation indépendante de la qualité à l'entrée des opérations de la BAD de 2018 a révélé des lacunes en matière de qualité. Pour y remédier, la Direction de la BAD a élaboré un plan d'amélioration de la qualité. Dans le cadre de ce plan, la Banque a lancé une Académie des opérations en ligne en 2019, afin de renforcer les capacités du personnel en matière de qualité.Près de 500 employés de la Banque ont fréquenté l'académie. L’objectif à terme est de la déployer au sein des unités d'exécution de projets au niveau des pays membres régionaux.
L'indemnisation des personnes affectées par les projets est une cause majeure des retards de mise en œuvre des projets. Lors des études préliminaires des projets, il convient de clarifier les ressources financières disponibles pour les personnes affectées.
Les nouveaux projets qui tirent les leçons des projets antérieurs de la BAD et ceux dont les études (techniques, de faisabilité) ont été réalisées avant l’approbation du Conseil sont moins susceptibles d’être confrontés à des retards de démarrage.
La Banque dispose d'une expertise pour le renforcement de l'attention porté aux questions transversales telles que le Genre et les sauvegardes environnementales et sociales. Par exemple, elle utilise un système de marqueurs de genre pour catégoriser et intégrer le genre dans ses projets. L’intégration d’une perspective sexospécifique, de la conception du projet à son achèvement, est appuyée par l’équipe en charge des questions de Genre de la Banque.
Armand Nzeyimana, Chef de Division, Département de prestation de services, de la gestion de la performance et des résultats de la BAD
Sabri Ben Meftah, Chargé supérieure de la gestion de la performance, Département de prestation de services, de la gestion de la performance et des résultats de la BAD
Linet Gatakaa Miriti, Spécialiste principale du genre, Bureau du développement régional et de la prestation de services de la BAD pour l’Afrique australe
Événement de partage de connaissances sur les ODD
Point clés :
L'étude de cas de l'Ouganda a montré qu'un engagement fort du gouvernement est essentiel pour progresser dans le suivi des ODD. En développant un cadre spécifique aux ODD et en établissant un secrétariat en charge des ODD (au sein du bureau du Premier ministre) et des groupes de travail sur les ODD, le Gouvernement a été en mesure de coordonner le suivi et la communication en matière d’ODD à travers les institutions et les secteurs.
Obtenir des données de qualité pour certains des indicateurs des ODD dans des secteurs tels que les infrastructures, l'éducation et l'environnement est un défi. Le partage d'expériences entre les pays africains pourrait aider à développer des solutions innovantes aux contraintes liées aux données.
Le portail ouvert de données soutenu par la BAD (développé à la demande de l'UA) comprend 54 portails de données nationaux et 16 portails de données au niveau régional. Le portail, qui fournit des données complètes sur les pays africains pour le suivi des ODD, est également utilisé par d'autres organisations multinationales (par exemple le FMI, l'UNICEF, la Fondation Bill et Melinda Gates).
La plupart des pays africains manquent de données chronologiques pour l'analyse et l'établissement de rapports sur les indicateurs des ODD. Il est nécessaire d'investir dans des approches et des outils de collecte de données à distance étant donné les restrictions imposées par la COVID-19.
Ambrose Rwaheru Aheisibwe, Conseiller en matière d’ODD, suivi et évaluation, et projets, Centre des objectifs de développement durable pour l’Afrique
Jour 2 - Jeudi 3 décembre 2020
Session d’ouverture : Comment les organisations apprennent-elles ?
Point clés :
Les caractéristiques d'une organisation qui apprend :
Un leadership qui valorise l'apprentissage et le démontre au personnel.
Une culture qui permet au personnel de faire des erreurs et d'apprendre de ses erreurs plutôt que de déformer les faits.
L’innovation : Permet au personnel d'identifier les lacunes et d'innover rapidement pour y remédier.
L’humilité et l’ouverture d'esprit : Être conscient de ne pas détenir toutes les réponses et encourager la curiosité et une réponse rapide aux besoins des clients.
Créer des conditions favorables à l'apprentissage du personnel et associer le développement des capacités à la progression de carrière. L'apprentissage institutionnel commence par l'apprentissage individuel.
Les Départements en charge des opérations de la BAD préparent un plan d’action de la Direction pour répondre aux recommandations des rapports d’évaluation. Cependant, l'apprentissage des évaluations ne se produit pas seulement lorsqu'un rapport est discuté par le Conseil, mais aussi pendant le processus d'évaluation. Cela nécessite une interaction renforcée entre les équipes d'évaluation et le personnel opérationnel le long du processus d’évaluation.
La crise de la COVID-19 a été une opportunité d'apprentissage pour les organisations de développement. Une opportunité d'apprentissage pour la BAD en vue d’adapter les interventions spécifiques aux clients ; et une opportunité d'apprentissage pour l'OIT sur l'importance de maintenir un bon dialogue social avec ses parties prenantes et d'apprendre de ses pairs.
Peter Van Rooij, Directeur régional adjoint, Bureau régional pour l’Afrique, Organisation internationale du Travail
Panel: Comment les organisations peuvent-elles devenir de bons apprenants et obtenir de meilleurs résultats en matière de développement ?
Modératrice:
Martha Phiri, Directrice, Département du capital humain, de la jeunesse et du développement des compétences de la BAD
Panélistes:
Ricardo Furman, Spécialiste principal du suivi et de l’évaluation, Bureau régional pour l’Afrique, Organisation internationale du Travail
Chris Chalmers, Président du Comité des opérations et pour l’efficacité du développement, Conseil d’administration de la BAD
Khaled Sherif, Vice-président de la BAD pour le développement régional, l’intégration et la prestation de services - Notes d'allocution [PDF - en anglais]
Awuese Oku, Chargée en Chef de l’apprentissage et du développement, Département des ressources humaines de la BAD
De l’apprentissage à l’action
Point clés :
Les évaluations sont effectuées dans un but : l’efficacité du développement. Ci-dessous quelques facteurs clés de succès pour accroître l'utilité des évaluations :
Communiquer la proposition de valeur,
La qualité du processus d'évaluation,
Encadrer le parcours utilitaire de l'évaluation comme une co-création de connaissances et de données probantes,
La qualité des résultats et des recommandations de l’évaluation,
La diffusion efficace les résultats.
Les recommandations d'évaluation qui sont concrètes, pratiques et exploitables, et basées sur le contexte augmentent la probabilité d'utilisation.
Le parcours de l'utilité de l'évaluation commence par avoir l'esprit ouvert et comprendre que l'évaluation n'est pas une mission de recherche de pannes. L'implication des principales parties prenantes dès le début d'une évaluation permet d'éviter les surprises et garantit l'appropriation des résultats de l'évaluation.
La création de l'espace, du temps et des ressources pour l'apprentissage et la recherche d'un juste équilibre entre l'apprentissage et la responsabilité sont des catalyseurs importants pour accroître l'utilité des évaluations.
Discours liminaire : Évaluation : Qu’est-ce que j’y gagne ? Le point de vue d’un utilisateur
Vanessa Moungar, Directrice, Département Genre, femmes et société civile de la BAD
Discussion : Le voyage vers des évaluations utiles
Modératrice:
Valerie Dabady, Chef de Division, Département de la mobilisation des ressources et des financements externes de la BAD
Line Picard, Chargée de portefeuille en chef (capital-investissement), Département chargé des ONS et du secteur privé de la BAD
Discussion: Utilité des évaluations
Modératrice:
Victoria Chisala, Directrice par intérim, Département de la stratégie et des politiques opérationnelles de la BAD
Participants à la discussion:
Penelope Jackson, Chef de Division, Division de l’assurance qualité de la BAD
Yolanda Hegngi, Chef de programme, Formation et développement du personnel, Société financière internationale
Jour 3 - Vendredi 4 décembre 2020
Des évaluations qui ont fait la différence
Point clés :
L'évaluation est essentielle pour s'assurer que les objectifs d'un effort de développement sont atteints.
Le leadership joue un rôle clé en influençant la perception et l'utilisation des résultats de l'évaluation, depuis la Direction de la Banque jusqu'au leadership des pays membres.
Pour améliorer l'utilisation des résultats de l'évaluation, les bureaux d'évaluation doivent être stratégiques dans les évaluations qu'ils entreprennent. Au début d'une évaluation, ils devraient examiner attentivement le contexte que l'évaluation cherche à influencer.
Les délais, la pertinence et la qualité des résultats de l'évaluation sont des facteurs clés qui ont fait changer la donne de l'évaluation. Le moment choisi pour une évaluation est essentiel pour éclairer la prise de décision.
La première unité d'évaluation de la BAD, créée en 1980, était petite et n’était pas indépendante. 40 années plus tard, l'évaluation fait partie intégrante du fonctionnement de la BAD. L'évaluation indépendante du développement se compose désormais de trois divisions et d'un front office avec plus de 40 employés, avec pour mandat distinct d'accroître la responsabilité, d'améliorer l'apprentissage et de promouvoir une culture d'évaluation au sein de la Banque et dans les pays membres régionaux.
Au cours des 40 années, les changements les plus importants observés par les membres actuels et anciens du personnel d'évaluation ont été la croissance de l'unité d'évaluation en termes de capacité et de composition du personnel - plus de femmes, des évaluateurs plus jeunes et plus chevronnés - ainsi que la dynamique du département, où des membres du personnel ayant des expériences et des compétences différentes travaillent ensemble pour produire des évaluations de qualité et impactantes.
Travailler dans l’évaluation à la BAD :
Est phénoménal. « Des personnes d'horizons différents se mettent ensemble et travaillent pour la même mission. Le travail est passionné et je suis fier d'avoir participé à l'évolution du département. » - Mohamed Manai
Procure un grand bonheur. « Pouvoir interagir avec les personnes sur le terrain, entendre leurs commentaires et savoir que j'aide en fin de compte à améliorer la qualité de vie des Africains. » - Joseph Mouanda
Stimule un esprit ouvert et critique. « Un évaluateur doit se rapporter aux personnes évaluées pour recueillir des informations et être indépendant afin de faire des observations pour toutes les parties prenantes. » - Albert-Eneas Gakusi.
En attendant les 40 prochaines années, il sera important de :
Mesurer et gérer les conséquences, aussi bien attendues qu'inattendues des évaluations, en s'assurant qu'elles sont basées sur des preuves crédibles.
Continuer à renforcer les capacités des évaluateurs. Ils devront intégrer de nouvelles technologies (IA, Big data), développer des outils de collecte de données innovants et peut-être évoluer d'un rôle purement technique à un rôle qui comprend aussi le conseil.
Adopter des évaluations en temps réel. Bien que la fonction d'évaluation soit rétrospective - regarder ce qui s'est passé et en tirer des leçons - le plus grand défi est d'anticiper ce qui va arriver. L'évaluation doit être en mesure de fournir des informations immédiates (en temps réel) pour une prise de décision et une mise en œuvre plus rapides.