Evaluation des activités de l’Institut Multilatéral d’Afrique

Date: 25/09/2008
Type: Evaluation institutionnelle
Statut: Achevé(e)
Ref.: CO10003

Evaluation Team

L'évaluation a été commandée par le Département de l'évaluation des opérations de la Banque (OPEV) et réalisée par le professeur RL Stirrat (Université du Sussex, Royaume-Uni) et consultant indépendant Oumoul Khayri Ba Tall, principalement entre Septembre et Novembre 2007, avec une entrée supplémentaire fournie par Annelle Bellony ( Université de Sussex, Royaume-Uni). Le Gestionnaire des tâches OPEV était Tony Curran.

Objective

L’objectif général de l’évaluation est de fournir les renseignements permettant de prendre en toute connaissance de cause les décisions concernant les perspectives d’avenir de l’Institut multilatéral d’Afrique (IMA) et les initiatives similaires en matière de renforcement des capacités.1 Les objectifs spécifiques tels qu’exposés dans les termes de référence (voir Annexe 1) visent à évaluer la performance de l’IMA en termes de pertinence, d’efficacité et de productivité en matière de prestation de services de formation liés à la formulation et à l’analyse des politiques macroéconomiques et sa contribution au renforcement des capacités des institutions africaines. L’évaluation de l’efficacité organisationnelle de l’IMA et de son  avantage comparatif dans le contexte actuel de sa gestion et des ressources disponibles fait partie également des objectifs.

Main Findings

  • La pertinence des cours du FMI face aux besoins et aux contextes des bénéficiaires visés est clairement établie, vu les liaisons entre les conseils d’orientation stratégique du FMI, les programmes de soutien, et la formation dispensée.
  • Les sessions de formation de la BAD et de la BM révèlent une prise de conscience de l’évolution récente de l’environnement du développement.
  • Un processus systématique d’évaluation des besoins pour identifier les priorités en matière de renforcement des capacités et de formation ne semble guère avoir été mis en œuvre.
  • On ne dispose d’aucune preuve à l’appui d’efforts du CS de l’IMA tendant à assurer le développement et la mise en oeuvre d’un portefeuille de cours mieux ciblés et plus attentifs aux besoins.
  • La direction de l’IMA a eu beaucoup de mal à promouvoir des approches synergiques entre les trois institutions partenaires en raison de la conception et des dispositions financières de l’IMA.
  • Sur le plan de l’organisation, l’IMA semble avoir été très efficace au sens où il a assuré la présentation harmonieuse des cours de formation et d’autres événements.
  • L’IMA n’a pas d’antécédents en matière d’élaboration et de mise en œuvre d’approches de planification stratégique au développement de ses programmes ou de suivi et d’évaluation systématiques de l’efficacité et de l’impact globaux de ses programmes de formation. L’institut ne semble pas non plus avoir de l’influence sur les organisateurs des cours pour assurer un niveau adéquat de suivi et d’évaluation des programmes de renforcement des capacités.
  • L’IMA semble avoir contribué très peu aux méthodes pédagogiques utilisées dans les cours et les sessions de formation organisés par son intermédiaire. Il y a eu peu d’investissement visant l’utilisation des méthodes d’enseignement à distance pour produire davantage d’impact à travers les cours.
  • L’évaluation du coût-efficacité de l’IMA pose problème en raison du manque de méthode claire et cohérente et de la médiocrité des données disponibles sur les coûts totaux des cours. La façon de tenir les dossiers administratifs et financiers de l’IMA n’est pas de la qualité requise pour assurer une gestion efficace.
  • Si l’IMA semble pouvoir être crédité d’une efficacité raisonnable en termes de coûts, ses coûts ont souvent été considérés comme élevés par la BM et le FMI. Cela s’explique en partie par le niveau élevé des frais de transport en raison de la situation géographique de Tunis. On pourrait probablement réduire les coûts en transférant les programmes de formation de l’IMA dans d’autres endroits en Afrique.
  • On peut penser que le coût total de présentation des cours est sensiblement plus élevé que les chiffres déclarés par l’IMA, parce qu’un certain nombre de services sont fournis par les institutions membres (notamment la BAD) sans frais.
  • Contrairement aux anticipations initiales, il y a eu très peu de synergie entre les institutions dans le domaine de l’élaboration et de la mise en oeuvre des activités de renforcement des capacités.
  • Les preuves sur l’efficacité sont rares. Les évaluations de fin de session sont positives mais ne nous renseignent pas beaucoup. Néanmoins, les bénéficiaires sont généralement affirmatifs quant à la pertinence et à l’utilité des activités de l’IMA en regard de leur travail intellectuel.
  • On a fait état de l’amélioration des capacités individuelles en conséquence des nombreux cours /stages de formation de l’IMA. Mais, on ne sait pas si ces progrès sont de l’étendue et de la qualité nécessaires pour peser sur la performance institutionnelle.
  • Considérant l’étendue, la fréquence, et le type des activités de renforcement des capacités menées par l’IMA, il est peu probable qu’il y ait eu une amélioration notable des capacités en matière d’élaboration et de mise en oeuvre des politiques en conséquence des sessions de formation organisées par la BAD et la BM. Il est plus vraisemblable, cependant, que les cours du FMI ont amélioré les capacités individuelles à des niveaux propres à assurer un impact durable.
  • Faute d’éléments probants, cette évaluation n’a pas pu établir dans quelle mesure les capacités institutionnelles et la performance sur le plan de l’élaboration et de la mise en oeuvre des politiques de développement se sont améliorées du fait des activités de l’IMA.
  • La nature des objectifs du FMI dans le domaine de l’amélioration des politiques, ses méthodes de choix et de suivi des stagiaires, et ses processus de soutien, donnent à penser que ses cours ont eu un impact significatif, bien qu’on en connaisse pas l’ampleur.
  • En ce qui concerne les cours de la BM et de la BAD, il y a beaucoup moins de chance de les voir produire un impact durable. Cela est dû à l’absence de cadre de soutien avant et après les cours pour assurer que l’amélioration des compétences individuelles se traduise par le renforcement des capacités sur le front du développement.
  • Il ne semble guère établi que les capacités de l’IAD se soient notablement améliorées du fait de l’intervention de l’IMA.

Main Lessons

  • Avant de lancer des programmes de formation similaires à ceux de l'IMA, il y a lieu d'entreprendre une analyse approfondie pour idenfier (i) la nature des déficits de capacités qui sont importants en termes de développement; (ii) comment la formation pourrait contribuer à combler ces déficits; et (iii) quelle sorte de formation serait plus efficace.
     
  • Il y a lieu de mettre en place une chaîne de résultats dans laquelle les liaisons entre les activités de formation, le personnel formé, l’amélioration des capacités, et l’impact sur le développement sont clairement définies.
  • Lorsqu’il y a un projet de collaboration impliquant un certain nombre d’organisations, il doit y avoir un accord clair sur les objectifs, faute de quoi, une coopération efficace et suivie entre les partenaires sera difficile à réaliser. 
  • Les mécanismes de suivi et d’évaluation doivent être en place, pour évaluer l’efficacité et modifier les activités dans le sens d’une efficacité accrue.
     
  • La formation doit s’inscrire dans une approche au renforcement des capacités qui reconnait l’importance du contexte institutionnel plus large dans lequel les stagiaires sont placés, et le système des mesures d’encouragement qui régit leurs activités et les actions institutionnelles.
     
  • L’un des facteurs d’efficacité des organisations de formation est la recherche et l’utilisation des possibilités qu’offrent les nouvelles technologies et les méthodes innovantes.
     
  • En l’absence de dossiers bien tenus et accessibles, il est extrêmement difficile de porter un jugement sur l’efficacité. Il s’ensuit que les organisations ne peuvent pas faire de choix économiques en l’absence d’une telle information.
     
  • Il est peu probable que les organisations sans ressources financières propres et dépendantes du financement extérieur soient durables et indépendantes sur le plan de l’action. 

Main Recommendations

Recommandation(s) à la Banque :

  •  Il est vivement recommandé que la BAD formule une politique claire et cohérente de renforcement des capacités (comprenant la formation) avant de mettre en chantier de nouvelles activités de formation. Cette politique articulerait les priorités en matière de renforcement des capacités avec des objectifs de développement explicites, pour éviter de faire de la formation une fin en soi.
  • Il est recommandé que durant les 12 prochains mois, la BAD, en collaboration avec les deux institutions partenaires, examine sérieusement les options futures pour l’IMA, notamment : a) L’examen minutieux des projets d’intégration de l’IMA à l’IAD en 2010 et la clarification des conséquences qui en découlent, au double plan organisationnel et financier b) L’évaluation de la viabilité de la relance de l’IMA dotée d’une plus grande autonomie de fonctionnement ; etc) L’analyse claire des coûts et avantages de la fermeture de l’IMA à la fin de 2009, en vue de la maximisation des gains potentiels et de la gestion des conséquences négatives. 
  • L’équipe d’évaluation recommande l’option stratégique de la fermeture de l’IMA à la fin de 2009 et l’élaboration par la BAD de ses propres activités de formation et de renforcement des capacités à l’appui des politiques et pratiques qu’elle déploie dans les pays.