En 2016, l'Évaluation indépendante du développement de la Banque africaine de développement a commencé une évaluation rigoureuse de l'assistance de la Banque au secteur de l'eau en Afrique. L’évaluation a ciblé les interventions de la Banque dans l'approvisionnement en eau potable et l'assainissement (AEPA), dans les contextes rural et urbain, et la gestion de l'eau agricole (GEA) de 2005 à 2016, en se concentrant sur l'assistance fournie par la Banque sous forme d'infrastructures, de connaissances et de travaux analytiques. L’évaluation a été effectuée en réponse à une demande d’informations du Conseil d’administration de la Banque sur les résultats de l’appui de la Banque à l’AEPA (3,7 milliards d’UC) et la GEA (2,2 milliards d’UC) au cours de la période d’évaluation. Elle visait à éclairer les stratégies et l'approche opérationnelle de la Banque en matière d'aide au secteur de l'eau en faisant le bilan des résultats de l'assistance de la Banque et en tirant des enseignements pour les interventions futurs.
L’évaluation a utilisé une approche axée sur une théorie du changement reconstruite, combinée avec les critères d'évaluation standards (pertinence, efficacité, efficience et durabilité). L'évaluation a obtenu des données provenant de multiples sources de données, notamment: (i) une revue des documents et des politiques; (ii) une revue du portefeuille de l’eau de la Banque; (iii) 41 rapports d'évaluation de projet comprenant 16 projets AEPA ruraux, 15 projets AEPA urbains, 9 projets GEA, et un programme d'ajustement du secteur de l'eau, dans 23 pays; et (iv) 10 études de cas pays. Des données supplémentaires ont été tirées d'entrevues avec environ 200 personnes ainsi que des réunions des parties prenantes menées lors des visites des sites de projets. Un logiciel d'analyse des données qualitatives et des tableaux matriciels ont été utilisés pour synthétiser les données probantes.
Les interventions de la Banque dans le secteur de l’eau ont été jugées pertinentes et ont produit des extrants substantiels, bien que les niveaux de réalisation soient restés inférieurs aux attentes. La réalisation des effets a été jugée modérée (en particulier dans le domaine de l'assainissement), ce qui a mené à une efficacité globale jugée insatisfaisante. L'efficience a également été jugée insatisfaisante et il est peu probable que les résultats obtenus soient durables. Sur la base des résultats obtenus, de la manière dont la Banque a géré la performance et des facteurs qui influencent cette performance, les recommandations suivantes ont été faites à la Banque:
- Continuer à renforcer son engagement auprès des pays membres régionaux pour une approche intégrée du développement et de la gestion des ressources en eau, qui va au-delà de l'approvisionnement en eau potable et d'assainissement et de la gestion de l'eau agricole;
- Accorder la priorité à l'assainissement en se focalisant sur les changements de politique nécessaires, en introduisant de nouveaux modèles avec des technologies durables, des partenariats et des mécanismes d’intensification.
- Intensifier les efforts en cours pour appuyer le renforcement des mécanismes financiers innovants (y compris la participation du secteur privé) afin d'accélérer le développement et la gestion des infrastructures d'eau et d'assainissement dans les pays membres régionaux.
- Continuer d’explorer des méthodes innovantes pour renforcer les capacités institutionnelles des pays membres régionaux et la performance des fournisseurs de services en vue d’une prestation de services durable des interventions dans le secteur de l’eau afin d’attirer des financements et de favoriser l’impact du développement.
- Continuer à adopter des pratiques participatives appropriées en collaborant efficacement avec les parties prenantes à toutes les étapes du cycle du projet (identification et conception, mise en œuvre, achèvement et post-achèvement) pour ses interventions dans le secteur de l'eau.
- Améliorer sa mesure et la communication des résultats en matière de développement. Plus précisément, le système de suivi et d'évaluation au niveau des projets, des pays et de la Banque devrait être renforcé afin de fournir l’éventail de données de résultats requises (données de référence, cibles et données réelles) pendant la conception, la mise en œuvre, l'achèvement et après l'achèvement. Les données sur les résultats devraient couvrir les extrants et les effets (pour les infrastructures matérielles et immatérielles) de ses interventions dans le domaine de l'eau.
- Pour améliorer les performances de ses pays membres régionaux, poursuivre la promotion des plateformes, des réseaux et produits de connaissances afin d'améliorer l'expérience et le transfert de connaissances entre les partenaires au développement, les gouvernements, les bénéficiaires finaux, les experts sectoriels et les évaluateurs.
L'évaluation sectorielle est appuyée par trois évaluations groupées de projets, de l'approvisionnement en eau potable et l'assainissement en milieu rural, de l'approvisionnement en eau potable et d'assainissement en milieu urbain et de la gestion de l'eau agricole.
Chef de projet: M. Joseph Mouanda
