Évaluation du Fonds d'assistance technique pour les pays à revenu intermédiaire (FAT-PRI)

Les pays membres régionaux de la Banque africaine de développement (BAD) sont classés comme pays à revenu faible, intermédiaire et élevé en fonction de leur revenu national brut par habitant. Malgré le niveau de revenu par habitant relativement élevé, la plupart des pays à revenu intermédiaire (PRI) en Afrique demeurent vulnérables aux chocs extérieurs provenant des marchés des produits de base et financiers mondiaux.

En outre, ils sont confrontés à des défis de développement uniques tels que des poches persistantes de pauvreté et l'inégalité croissante, un chômage élevé des jeunes et des déficits d’infrastructure persistants. Afin d’améliorer l’efficacité de son soutien au développement pour les PRI africains, la BAD a mis en place le Fonds d’assistance technique pour les pays à revenu intermédiaire (FAT-PRI ou «le Fonds») en 2002. Le fonds vise à améliorer le volume, la qualité, la compétitivité et l’efficacité du développement des opérations de la Banque dans les PRI.

Le fonds octroie des subventions pour la préparation des projets, le renforcement des capacités et le raffermissement institutionnel, le travail économique et sectoriel, ainsi que les activités favorisant le développement du secteur privé, en fonction des besoins spécifiques des pays clients. Entre 2002 et 2018, le Fonds a déboursé près de USD 143 millions dans 185 projets dans 19 pays. Les pays éligibles à l’accès au fonds étaient les suivants: Algérie, Angola, Botswana, Cameroun, Cap-Vert, Egypte, Guinée équatoriale, Gabon, Kenya, Libye, Maurice, Maroc, Namibie, Nigéria, Sénégal, Seychelles, Afrique du Sud, Swaziland, Tunisie et Zambie.

En 2018, l’évaluation indépendante du développement (IDEV) de la BAD a lancé une évaluation du FAT-PRI. L’objectif de cette évaluation était d’examiner dans quelle mesure le FAT-PRI avait atteint son objectif initial de fournir des résultats de développement dans les pays bénéficiaires pendant toute la période de l’existence du fonds (2002 à 2018).

L’évaluation a utilisé des méthodes mixtes, y compris des évaluations qualitatives et des analyses de données. Un examen approfondi du portefeuille a été réalisé afin d’examiner de près la mesure dans laquelle le Fonds a généré des opérations de prêt pour la Banque. De plus, des revues de documents, des analyses comparatives avec des organismes comparables, des entrevues structurées et des discussions de groupes de discussion ont été menées pour évaluer l’efficacité du fonds. L’équipe d’évaluation a effectué des missions sur le terrain et des enquêtes auprès des utilisateurs et des bénéficiaires pour trianguler et valider les données.

L’évaluation a révélé que:

• Le fonds et ses activités étaient pertinents, bien que le fonds n’ait pas une orientation stratégique claire. 
• Le Fonds a été efficace, sur la base de sa capacité à atteindre l’un de ses principaux objectifs, à savoir l’amélioration du portefeuille de la Banque dans les PRI; la capacité limitée du fonds à générer des résultats de développement.
• Le fonds était inefficace. Les longs retards dans la réponse et le traitement des demandes FAT-PRI ont eu un impact défavorable sur l’achèvement en temps opportun des projets d’investissement et des initiatives de renforcement des capacités.
• En termes de gouvernance, l’absence de focalisation stratégique dans l’évolution du Fonds l’a amené à en faire un instrument de financement qui complète le budget administratif de la Banque. 
• Pour ce qui est du développement durable, l’évaluation ne pouvait pas fournir une note finale en raison du nombre limité de rapports d’achèvement de projet (RCR) disponibles.

L’évaluation a conclu que le FAT-PRI est un outil efficace pour la Banque et que ses activités continues ont le potentiel d’accroître l’efficacité du développement de la Banque dans les PRI. À ce titre, l’évaluation fournit plusieurs recommandations (au niveau stratégique et opérationnel) qui seront examinées par la direction de la BAD :

• Clarifier la disposition institutionnelle du fonds et établir une gestion efficace;
• Renforcer la viabilité financière du fonds et mettre en place un mécanisme de préparation des projets spécifiquement pour les PRI;
• Améliorer les lignes directrices du fonds et établir un processus d’assurance qualité plus solide pour les subventions aux PRI;
• Augmenter le soutien aux opérations de prêt bancaire en cours et envisager l’exécution par la Banque de projets sélectionnés si nécessaire.

Chef de projet: Mirianaud Oswald Agbadome, Chargé principal d'évaluation