L'Évaluation indépendante du développement (IDEV) a mené une évaluation de la Stratégie de la Banque africaine de développement (BAD ou « la Banque ») pour remédier à la fragilité et renforcer la résilience en Afrique (« la Stratégie») pour la période 2014 - 2019. L'évaluation a évalué la pertinence de la Stratégie et l'efficacité de la Banque dans sa mise en œuvre. L'évaluation a couvert l'assistance de la Banque aux pays à faible revenu éligibles au Fonds africain de développement et qui figuraient en permanence ou temporairement sur les listes des États en transition de la Banque (pays où le principal défi du développement est la fragilité) au cours de la période 2014-2019. Le but de l'évaluation est d'éclairer l'élaboration d'une nouvelle Stratégie de la Banque pour lutter contre la fragilité.
Au cours de la période d'évaluation, la BAD a approuvé 354 opérations, représentant un montant global de 4,7 milliards d’UC, pour les États en transition. En outre, 34 opérations non souveraines d'un montant total de 322,1 millions d'UC ont été approuvées pour les États en transition au cours de la période considérée. Les projets d'investissement représentent 86% de la valeur du portefeuille de la Banque dans les États en transition au cours de la période considérée, le reste étant des programmes d'appui budgétaire.
L'évaluation avait un double objectif. Le premier était l’objectif de redevabilité qui permettra de rendre compte aux parties prenantes de la performance de l’assistance de la Banque dans les États en transition suite à la Stratégie. Le deuxième était celui de l’apprentissage dans la mesure où les enseignements tirés de l’évaluation pourront informer les stratégies et opérations futures de la Banque dans les États en transition.
L'évaluation a été conçue pour répondre aux quatre principales questions suivantes: (i) Dans quelle mesure l’assistance du Groupe de la Banque aux ET a-t-elle été stratégiquement pertinente et adaptée au contexte de fragilité ? (ii) Dans quelle mesure l’approche de la Banque dans les ET a évolué dans le temps pour lui permettre d’opérer de façon différente afin d’augmenter son efficience ? (iii) Dans quelle mesure l’assistance du groupe de la Banque aux ET a-t-elle produit les résultats attendus et contribuée à réduire la fragilité tout en renforçant la résilience ? et iv) Dans quelle mesure les résultats de l’assistance de la Banque aux ET sont-ils durables pour contribuer à créer un environnement favorable pour l’objectif de long terme de sortir de la situation de fragilité tout en renforçant la résilience ?
Voici quelques-unes des principales conclusions de l'évaluation:
- Dans l'ensemble, la Stratégie de la Banque était pertinente pour répondre aux besoins spécifiques des États en transition, bien qu'elle soit davantage axée sur la réactivité que sur la prévention.
- L'évaluation a constaté des progrès dans l'adaptation par la Banque de ses politiques d'achat, de genre et d'emploi des jeunes, ses documents de stratégie et son système d'attribution aux bénéficiaires. Toutefois, davantage de progrès pourraient être réalisés grâce à une plus grande appropriation de la Stratégie à l'échelle de la Banque.
- Dans l'ensemble, la Banque a su s'adapter au contexte changeant et a pu réagir rapidement dans certaines situations. Elle a fait preuve de souplesse et de réactivité, mais pas de sélectivité. En outre, malgré les efforts de la Banque, les résultats positifs obtenus sont trop modestes pour changer positivement la situation des États en transition.
- La Banque a pu mobiliser divers instruments de financement, y compris pour des opérations non souveraines, pour soutenir les États en transition dans un contexte de baisse continue des ressources du Fonds africain de développement.
- La Banque a accru sa présence dans les États en transition grâce à son Modèle de Développement et de Prestation de Services. Cependant, sa présence actuelle sur le terrain ne répond pas à ses objectifs et le personnel de la Banque estime que le travail dans les États en transition n'est pas suffisamment reconnu et valorisé par l'institution. L’évaluation a également montré que l’élan de coordination entre les partenaires variait, en fonction du contexte économique et politique des pays par rapport aux intérêts des partenaires.
- Dans l’ensemble, l’opportunité de la mise en œuvre de la Stratégie a été jugée insatisfaisante. Seules les opérations d'appui budgétaire ont été mises en œuvre de manière très satisfaisante.
- La durabilité des résultats des projets n'était pas satisfaisante, principalement en raison du contexte de fragilité.
Les recommandations suivantes ont été faites à la Banque:
- Revoir la stratégie pour faire de la prévention l'un de ses principes d'engagement et renforcer sa pertinence globale en alignant ses dimensions de fragilité sur celles d’Analyse de la fragilité et de la résilience des pays (CRFA), tout en considérant la migration et les personnes déplacées de force comme des facteurs de fragilité potentiels. Des directives claires devraient être fournies pour améliorer la sélectivité dans le contexte de fragilité.
- Renforcer la présence de la Banque dans les États en transition et l'approche « Une seule Banque » dans la conception et la mise en œuvre de la future Stratégie tout en continuant d'adapter les politiques, stratégies, instruments, règles et procédures aux situations de fragilité.
- Créer des conditions pour mieux intégrer les questions transversales telles que le genre, l'emploi des jeunes, les dimensions des ressources naturelles et le changement climatique dans les Documents de stratégie d'intégration régionale, les Documents de stratégie pays et les opérations de la Banque dans les États en transition.
- Promouvoir une approche intégrée (forte synergie) dans les États en transition pour les projets d'investissement et une approche structurelle du renforcement des capacités tout en adaptant les instruments et les modalités de financement du guichet du secteur privé aux réalités des petites et moyennes entreprises des États en transition.
- Améliorer la motivation du personnel travaillant dans les États en transition en améliorant davantage les conditions de vie et de travail tout en veillant à ce que le travail dans un État en transition soit un avantage pour leur évolution de carrière au sein de la Banque.
Chef de projet : Clément Bansé