Ethiopie: Revue de l’assistance du groupe de la banque au multisecteur, 1992-2004

Date: 02/05/2008
Type: Évaluation de stratégies et programmes pays
Country(ies): Éthiopie
Secteur(s): Infrastructure
Statut: Achevé(e)
Ref.: CA10007

Evaluation Team

Le présent rapport a été établi par M. F. TURAY, Chargé principal de l’évaluation rétrospective, Département de l’évaluation des opérations (OPEV), et M. O. O. OJO, consultant, à la suite de leur mission en Éthiopie en septembre 2005.

Objective

Le présent rapport a pour objet d’évaluer l’assistance de la Banque en faveur du multisecteur en Éthiopie sur la période 1992-2004. Le but visé est de déterminer le degré d’efficacité du programme de prêts de la Banque à l’appui du multisecteur en Éthiopie au regard de la réalisation de l’objectif général que sont la croissance économique et la réduction de la pauvreté1. L'étude tirera également de l’évaluation des enseignements pratiques de nature à rendre plus efficace l’assistance à venir de la Banque en faveur de ce secteur.

Main Findings

  • L’intervention de la Banque dans le multisecteur en Éthiopie a démarré après la cessation des hostilités en 1991. Tous les trois projets, faisant l’objet d’évaluation dans le présent document, ont été bien conçus, avec un accent marqué sur la réhabilitation économique, la stabilisation, les réformes structurelles, la croissance et la réduction de la pauvreté. La mise en œuvre des projets a également été satisfaisante, le gouvernement montre d’une forte appropriation et d’un engagement soutenu. La réaction de l’économie a été un facteur essentiel pour le résultat des projets. Des progrès ont été également accomplis dans le domaine de la réduction de la pauvreté, l’IDH affichant des améliorations, quoique légères. Par rapport à la période d’avant le programme, l’économie a été sensiblement libéralisée, les forces marché jouant un rôle clé dans l’affectation des ressources.
  • Il existe cependant quelques sujets de préoccupation. Tous les projets achevés ont accusé des retards, et ceux en cours dans le secteur ont commencé à connaître des problèmes similaires de mise en oeuvre. Les retards d’exécution étaient essentiellement dus aux règles et procédures d’acquisition relativement rigides de la Banque, et aux capacités d’exécution limitées des organes d’exécution des projets, couplées à leur connaissance limitée des procédures de passation de marchés. Quoique l’économie ait été libéralisée, le secteur privé n’a pas connu de développement significatif, en partie du fait de la lenteur des progrès au niveau de la privatisation, et de l’existence de certaines entreprises contrôlées par le parti qui font une concurrence déloyale aux opérateurs privés. L’intermédiation financière reste faible, car la Commercial Bank of Ethiopia (une entreprise d’État) détient encore le monopole (en termes de taille des dépôts) et une influence indirecte sur les taux d’intérêt et de change dans le système financier. En dépit des mesures prévues dans les projets visant à la diversification de l'économie, l’économie reste enracinée dans sa dépendance de l’agriculture rurale, avec une augmentation minimale de la valeur ajoutée au secteur de l’industrie. Enfin, l’économie continue d’être tributaire des ressources extérieures pour une grande part du financement requis pour le développement. Toutefois, la récente introduction de la TVA, qui est une source majeure de recettes, semble prometteuse pour renforcer la mobilisation des ressources intérieures, et de ce fait, réduire, dans une certaine mesure, la dépendance de l’Éthiopie des ressources extérieures. 

Main Lessons

  • Un facteur essentiel au succès des trois projets achevés, à savoir ERRP, PAS-I et PAS-II, est l’appropriation des programmes par le gouvernement et la volonté politique de faire des réformes. Même s’il a sollicité une assistance technique dans la préparation des programmes, le gouvernement a administré la preuve de son appropriation des programmes. En outre, il a été en mesure de gagner l’adhésion des autres parties prenantes de l’économie aux programmes.
  •  Un autre enseignement tiré est que la disponibilité des fonds tend à amoindrir les douleurs de l’ajustement, ce qui rend, en conséquence, le renversement de la politique peu probable. Il s’agit là de ce qui est communément appelé relation de complémentarité entre le financement et l’ajustement, qui postule que lorsque le financement est inadéquat ou irrégulier, l’ajustement tend à être douloureux. Dans cette condition, le changement de politique est possible en raison des protestations sociales contre un processus d’ajustement douloureux. Dans le cas de l’Éthiopie les donateurs étaient toujours disposés à fournir les ressources, vu que le gouvernement ne faisait pas montre d’hésitation quant à son engagement vis-à-vis des programmes. 
  • Une coordination efficace des interventions des donateurs est essentielle pour le succès des programmes d’ajustement. Par la coordination de leurs politiques, les bailleurs de fonds réduisent les coûts de transaction de la mise en oeuvre de leurs interventions. La coordination permet également une surveillance conjointe des cibles convenues. L’ABD, en particulier, présente ce double avantage sur les programmes d’ajustement conventionnels.
     
  • La performance de l'économie éthiopienne a toujours été fonction de la luviométrie. La forte dépendance à l’égard de l’agriculture pluviale rend l’économie tributaire des aléas climatiques. Pour se donner les moyens de gérer l’économie d’une manière plus prévisible, il y a lieu de réduire la dépendance de l’économie de la pluviométrie. 

Main Recommendations

Recommandations au bénéficiaire :

  • Le gouvernement a enregistré des résultats satisfaisants depuis Son accession au pouvoir en 1991. Mais il peut faire mieux, en particulier en ouvrant l'économie à la concurrence. Il devrait également s’engager davantage par rapport à la privatisation des entreprises publiques existantes, faute de quoi ses efforts visant à stabiliser l’économie pourraient ne pas produire les résultats escomptés dans le domaine du développement du secteur privé. En d’autres termes, le gouvernement se doit d’approfondir ses réformes structurelles.
  • Nul n’est sans ignorer que la stabilité politique est une condition préalable pour la croissance économique. Le gouvernement devra veiller au maintien de la paix, faute de quoi tout programme de réforme pourrait connaître un dérapage, comme il a été donné de le constater à la faveur du conflit frontalier avec l’Érythrée.

Recommandations à la Banque :

  • La Banque se doit d’améliorer sa performance en ce qui concerne l’exécution des projets/programmes dans les délais voulus, et devra s’attacher à préparer les RAP dans le délai imparti une fois le projet achevé. Les bureaux extérieurs doivent êtres de pouvoirs suffisants pour prendre des décisions sans devoir se référer chaque fois au siège. La Banque devra également aider au renforcement des capacités du MCD et des CEP des autres ministères en vue de la réalisation du suivi et évaluation des projets, et en particulier, en matière de préparation des RAP.
  • La Banque a eu une bonne collaboration avec les autres donateurs présents en Éthiopie. Elle devrait continuer sur cette lancée et, en effet, consolider ce partenariat, particulièrement maintenant qu’elle est devenue membre de l’équipe conjointe de l’ABD.