Gestion intégrée des ressources en eau en Afrique Une évaluation indépendante de l’aide de la Banque, 2000-2010

Date: 31/05/2013
Type: Évaluation thématique
Secteur(s): Eau & assainissement
Statut: Achevé(e)
Ref.: TR10019

Evaluation Team

Ce rapport a été rédigé par Ramesh Adhikari (consultant), Herimandimby Razafindramanana (chef poste d'agent d'évaluation), a examiné les ébauches successives du rapport.

Objective

Cette évaluation vise à déterminer dans quelle mesure la politique de gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) adoptée par la Banque africaine de développement (la Banque) en 2000 est pertinente pour les besoins des pays membres régionaux (PMR) et les objectifs de l’institution. Elle examine également l’efficacité de la Banque dans la mise en oeuvre de la politique, les résultats et les difficultés de la mise en oeuvre, ainsi que les éventuelles modifications du cadre stratégique et des structures institutionnelles des interventions de la Banque dans ce secteur qui pourraient améliorer la mise en oeuvre et permettre de mieux atteindre les objectifs de la GIRE. L’étude couvre la période 2000-2010 et fournit des éléments d’information susceptibles d’enrichir la révision de la politique de GIRE. L’évaluation a tiré parti de cinq documents de travail ainsi que des entretiens et consultations avec les parties prenantes à la Banque et dans les PMR.

Main Recommendations

Recommandation(s) à la Banque :

  • La Banque doit actualiser le cadre stratégique et élaborer un document de politique plus ciblé et plus concis indiquant clairement ses priorités dans le secteur de l’eau, et couvrant les interventions en milieu rural et urbain et les opérations multinationales/transfrontalières. Ce document de politique montrera comment l’approche en matière de GIRE appuie l’orientation stratégique de la Banque vers une croissance inclusive et verte, et indiquera les défis liés à l’eau tels que l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses effets, l’urbanisation et l’industrialisation, ainsi que la coopération régionale.
  • Afin d’orienter la mise en oeuvre de la politique, la Banque devrait : 1) approfondir son approche en matière de recouvrement des coûts, en s’engageant également dans le dialogue avec les autorités gouvernementales sur cette question ; 2) intensifier son soutien au renforcement de la capacité institutionnelle en matière de mise en oeuvre de la GIRE ; et 3) augmenter son soutien à la gestion des bassins lacustres et fluviaux transfrontaliers et améliorer son approche dans ce domaine.
  • La Banque devrait adapter les ressources et les instruments, les structures/mécanismes institutionnels et les processus opérationnels aux objectifs de politique, en :(i) fournissant davantage de ressources à titre de dons pour financer les activités d’analyse et le renforcement des capacités des PMR et en recourant davantage aux approches programmatiques dans son assistance sous forme de prêts et de dons ;(ii) rendant ses mécanismes institutionnels plus favorables à la mise en oeuvre de la politique, par le renforcement de la coordination, de la collaboration et du suivi des résultats à l’échelle de la Banque. C’est ainsi qu’elle devrait envisager la création d’un groupe interdépartemental d’experts de haut niveau sur les questions de l’eau, issus notamment de OWAS, OSAN, ONEC, OPSM et OSHD. Ce groupe examinerait systématiquement les nouvelles politiques et stratégies pour l’eau, les DSP et les projets liés à l’eau en vue d’y intégrer la GIRE ou tout autre projet qui pourrait nécessiter une utilisation importante de ressources en eau au niveau des pays ; et les résultats de cette revue devraient être transmis à OpsCom. Ce groupe serait également chargé d’approuver les directives de mise en oeuvre, de favoriser les événements axés sur les connaissances au sein de la Banque et de coordonner la position de la Banque lors des conférences internationales. Un panel d’experts extérieurs des questions de l’eau pourrait appuyer ce groupe dans un premier temps.
  • La Banque devrait élaborer et mettre en oeuvre une stratégie opérationnelle à moyen terme au niveau de l’institution pour l’application de la politique de GIRE et la réalisation des opérations dans le secteur de l’eau de façon générale. Ceci serait l’une des principales responsabilités du groupe de coordination interdépartemental. Des mesures visant à soutenir la mise en oeuvre de la politique de GIRE devraient être intégrées dans une stratégie opérationnelle au niveau institutionnel, qui rassemblerait les stratégies et les plans d’activité de tous les départements concernés. Cette stratégie devrait être assortie d’un plan d’activité clair présentant en détail les tâches clés et les effets visés, les ressources requises et les mécanismes de suivi et d’établissement de rapports à l’échelle de la Banque ; et elle devrait inviter également les bailleurs de fonds et les actionnaires à consacrer des ressources dédiées à la mise en oeuvre de la GIRE. Le suivi de la mise en oeuvre de la politique de GIRE et l’établissement périodique de rapports publics sur l’état d’avancement renforceraient la transparence, l’éthique de responsabilité et la prise de conscience par le public de l’aide de la Banque aux PMR dans le secteur de l’eau. 
  • Le processus de DSP de la Banque devrait être renforcé, servir à améliorer les décisions stratégiques au niveau des pays et être sous-tendu par de solides diagnostics du secteur de l’eau et d’autres activités d’analyse connexes. Il doit intégrer les diagnostics/évaluations du secteur de l’eau, l’examen de la stratégie de la Banque en matière de gestion des ressources en eau au niveau des pays et au niveau sous-régional, le cas échéant, et l’allocation des ressources conformément à la justification stratégique de l’intervention de la Banque. L’évaluation du secteur de l’eau devrait également sous-tendre le choix d’instruments visant à mieux satisfaire les besoins de chaque PMR.
  • Les opérations de la FAE, du WPP, de l’IAEAR administrées par la Banque et d’autres initiatives similaires (par exemple, l’ICA, le NEPAD et le PIDA) devraient également être stratégiquement alignées dans le cadre du DSP, conformément à l’approche « Une seule Banque ». Cette approche pourrait, dans un premier temps, être pilotée dans un nombre restreint de pays où la Banque a déjà soutenu des activités liées à la GIRE ; et elle devrait ensuite affiner l’approche et la mettre en oeuvre dans d’autres PMR 
 
  •  La Banque devrait améliorer ses capacités internes, l’échange des connaissances sur la GIRE et les incitations et envisager un large éventail de mesures additionnelles pour soutenir la mise en oeuvre de la politique de GIRE, renforcer les résultats au plan du développement et la durabilité des opérations financées dans le secteur de l’eau, et se transformer en un partenaire au développement de premier plan, ainsi qu’une banque du savoir pour le secteur de l’eau en Afrique. Dans cette optique, la Banque devrait : (i) envisager le renforcement des capacités et compétences internes, en organisant des événements réguliers d’apprentissage à l’intention de tout le personnel intervenant dans les opérations liées à l’eau ;(ii) développer et mettre en oeuvre une communauté de pratique pour les opérations du secteur de l’eau qui rassemble les experts des questions de l’eau issus des départements liés à ce secteur au siège et dans les bureaux de pays en vue d’échanger des connaissances sur la GIRE au sein de la Banque et dans les PMR. Cette mesure serait également utile pour s’attaquer aux causes de la faiblesse des performances des projets financés par la Banque. La mise en place de réseaux avec les instituts internationaux de l’eau, les organisations traitant des questions de fleuves et les institutions multilatérales fournirait des connaissances de premier ordre en matière de GIRE ; (iii) rationnaliser la préparation de projets et veiller à ce qu’une attention suffisante soit accordée aux questions de durabilité des opérations liées au secteur de l’eau financées par la Banque (par exemple, la maintenance, la tarification, le recouvrement des coûts, la gestion de la demande, la dimension environnementale et le cadre réglementaire favorable, le renforcement des capacités locales et l’implication des parties prenantes dans la conception et l’exécution des projets) ; (iv) reconnaître formellement le mérite du personnel de la Banque et le récompenser pour ses idées novatrices et pour les pratiques optimales liées à l’eau, qui améliorent les résultats au plan du développement des opérations financées par la Banque dans le secteur de l’eau.