Ghana : Evaluation de l’assistance de la banque au secteur de la sante, 1985 - 2004

Evaluation Team

Ce rapport a été préparé par M. Albert-Enéas Gakusi, Chargé d’évaluation rétrospective principal au Département de l’Évaluation des opérations (OPEV) et MM. Thomas O’Brien Kirk et David Royston Moore, consultants externes, suite à la mission qu’ils ont effectuée au Ghana en mars 2005.

Objective

La revue du secteur de la santé vise les objectifs suivants: a) évaluer la pertinence des opérations financées à travers des projets sur la période 1985-2004 ; b) examiner l’efficience de l’assistance de la Banque au secteur de la santé du Ghana, en termes d’amélioration du système sanitaire et d’accès aux services de santé ; c) promouvoir une révision des politiques et réformes institutionnelles du secteur de la santé ; et d) identifier les leçons tirées des expériences acquises pendant la période visée en vue de renforcer les futures politiques et procédures de la Banque et d’améliorer la qualité de ses interventions.

Main Lessons

• Il est difficile, en l’absence de mesures d’incitation en termes de logement et de facilités de transport, d’une part d’attirer vers les zones rurales et d’y retenir du personnel qualifié et, d’autres part, de remédier au déficit en ressources humaines et aux déséquilibres régionaux. Par ailleurs, l’installation d’équipements médicaux et la construction de nouvelles infrastructures hospitalières ou la rénovation des anciennes pourraient ne pas nécessairement conduire à une amélioration sensible de la qualité des services si tel est que l’établissement sanitaire concerné n’est pas doté de personnels, ses équipements ne sont pas fonctionnels, l’approvisionnement en électricité est irrégulier ou hors de prix et s’il manque de moyens pour entretenir ses équipements.

• Désigner des médecins aux postes de directeurs administratifs dans les établissements sanitaires a un coût de substitution considérable en terme de compétence sanitaire, en ce sens qu’ils présentent de meilleurs avantages comparatifs lorsqu’on considère le nombre élevé d’années requis pour la formation des médecins. On en a eu la confirmation au niveau de certains hôpitaux.

• La participation à l’ensemble des cycles d’intervention contribue à accroître l’efficience des projets. Cependant, s’il est vrai que les politiques de développement de la Banque insistent sur le dialogue et sur la participation des bénéficiaires aux activités entreprises dans les Pays membres régionaux, cette participation n’est en fait que théorique lorsqu’on passe à la phase d’exécution. La participation n’est donc pas efficiente. L’attitude des bénéficiaires face aux problèmes de maintenance vient conforter cette thèse puisqu’ils semblent n’être que de simples spectateurs dans un processus dont ils ne connaissent ni les tenants ni les aboutissants.

 

Main Recommendations

Recommandation(s) au bénéficiaire :

• L’exode des cerveaux étant l’un des principaux défis du secteur de la santé, le Gouvernement ghanéen devrait fournir des logements au personnel et prendre d’autres mesures incitatives, en faveur principalement du personnel en service dans les zones rurales et dans les zones rurales particulièrement défavorisées. Il est également recommandé que soient formé un plus grand nombre de gestionnaires d’établissements hospitaliers afin de soulager les médecins et autres personnels médicaux des responsabilités administratives etmanagériales.

• Le Gouvernement devrait rechercher des solutions aux graves problèmes de ressources humaines auxquels se trouve confronté le secteur de la santé. L’expatriation massive d’agents de la santé qualifiés pour des emplois à l’étranger est un grand défi pour le secteur. Il importe par conséquent de rechercher des solutions originales à la question. Une étude pour mieux cerner le problème et examiner les meilleurs moyens d’y remédier s’impose. Celle-ci devra tenir compte des points de vue des personnes employées par le secteur. La onception et la planification des interventions devraient reposer sur une évaluation réaliste des ressources locales et inclure un volet développement des capacités.

• Le Gouvernement devra veiller à ce que les gestionnaires de projet assurent effectivement la gestion et l’exécution des projets en vue de la réalisation des objectifs voulus. Il devrait veiller à ce que les investissements publics dans le secteur de la santé soient accompagnés de mesures visant à assurer la production de résultats positifs et leur viabilité. En outre, un entretien régulier des équipements et des établissements devrait être organisé afin d’optimiser leur utilisation pendant leur durée normale de vie. Il faudrait faire appel au secteur privé pour l’amélioration des services d’entretien.

• Le Gouvernement ghanéen devrait veiller à l’application de la nouvelle Loi sur les audits afin de proposer aux partenaires au développement un cadre solide d’utilisation des ressources en vertu des nouveaux mécanismes d’aide internationale : approche sectorielle et appui budgétaire.

• Le Gouvernement devrait renforcer les capacités administratives dans l’ensemble du pays afin de pouvoir disposer d’informations pertinentes pour le suivi et l’évaluation de ses actions de développement.

Recommandation(s) à la Banque :

• Au Ghana, le mécanisme de mise en oeuvre des nouveaux instruments d’intervention en vertu duquel des financements prévisibles sont inscrits au budget de l’Etat et les pouvoirs publics soulagés du fardeau des tâches administratives, est solidement établi et assorti d’une coordination efficace de l’aide sous la houlette du Gouvernement. La Banque devrait adhérer au Fonds commun pour la santé selon des modalités conformes aux procédures de l’institution. Cette adhésion pourrait être totale ou partielle et se traduire dans les affectations de ressources, ce qui faciliterait le suivi de l’utilisation des fonds.

• La Banque est invitée à s’abstenir de maintenir les gestionnaires de projet sur un même projet et/ou dans un même pays pendant plus de cinq ans. Afin d’accroître l’efficience, l’efficacité et l’originalité dans le travail, il conviendrait d’envisager la rotation systématique des gestionnaires de tâches.

• Il faudrait effectivement utiliser des processus participatifs dans la conception, l’évaluation, la mise en oeuvre et la revue des activités des projets et associer tous les acteurs pertinents à chacune des phases du cycle du projet. La Banque devrait améliorer la qualité de son mécanisme de revue ainsi que ses programmes de formation à l’intention du personnel des agences d’exécution. Elle devrait par ailleurs alléger la charge de travail des gestionnaires de tâches. Les présentes recommandations pourraient contribuer à la réduction des délais de réponse aux requêtes des bénéficiaires.