Projet d’électrification de 17 centres ruraux

Date: 11/05/2011
Type: Evaluation des performances du projet
Secteur(s): Energie & électricité
Statut: Achevé(e)
Ref.: PP10104

Evaluation Team

Task Manager: Joseph MOUANDA (j.mouanda@afdb.org) . Ce document a été preparé par une equipe a team comprenant M. Joseph MOUANDA, Chargé d'Evaluation ,  et un groupe de consultants. 

Objective

L’évaluation rétrospective s’est déroulée en trois phases : (i) la collecte d’informations au siège de la Banque, (ii) une mission au Bénin pour poursuivre la collecte des données, engager des échanges et discussions avec les responsables locaux du soussecteur de l’électricité, et en particulier ceux de la SBEE, et effectuer des visites de quelques centres électrifiés, et (iii) l’analyse des informations ayant permis l’élaboration du rapport final. ((Voir la logique d'intervention à l'annexe 8).).

Main Findings

  • Le projet s’inscrit dans le cadre de la politique de développement socio-économique du Bénin, qui favorise le désenclavement des zones rurales, par l’apport de l’électricité, et l’amélioration des conditions de vie des populations. Il correspond à un besoin réel d’une majorité de la population vivant en zones rurales et n’ayant pas accès à l’électricité. Compte tenu du potentiel de développement disponible, le projet constitue tant pour la Banque que pour le pays, un vecteur de choix pour lutter contre la pauvreté et pour donner une impulsion au développement socio-économique des zones concernées et environnantes.
  • En raison notamment de certains choix techniques opérés qui ne sont pas nécessairement les plus adaptés, le projet n’a pas répondu de façon appropriée aux besoins des populations des zones rurales dont le niveau de revenu est faible. En effet, le choix du niveau de tension 30-35Kv qui est le plus indiqué pour les localités rurales par rapport au 20Kv adopté généralement par le projet aurait été plus judicieux. Le projet n’a pas aussi envisagé les alimentations MT monophasées pour les petites localités où le développement économique prévisible est faible, afin de baisser le coût de l’investissement par abonné domestique et accélérer leur électrification.
  • Si la réalisation des extrants du projet et leur qualité sont jugées satisfaisantes, l’amélioration de l’accès à l’électricité pour les populations des centres ruraux électrifiés, quoique satisfaisante, pouvait l’être davantage. Cette relative sous-utilisation du potentiel de développement mis à disposition par le projet est essentiellement due : (i) au démarrage tardif des travaux de branchements réalisés en régie par la SBEE, (ii) aux difficultés rencontrées par la SBEE pour faire face à la demande d’abonnements, de sorte que plusieurs clients ayant fait la demande et payé pour un nouveau branchement restent en attente de leur compteur pendant plusieurs mois, (iii) au coût de branchement hors de portée des populations rurales, et (iv) aux procédures de facturation.
  • Les discussions de groupes avec les principaux bénéficiaires ont révélé que l’électrification a affecté positivement tous les domaines de la vie rurale et a contribué à l’amélioration des conditions de vie des populations des centres ruraux électricités. Ces effets peuvent être renforcés davantage à travers une amélioration du taux de raccordement au réseau électrique, tant pour les abonnés domestiques que tertiaires ainsi qu’une amélioration de l’utilisation de l’électricité pour des activités productives. En effet, l’impact du projet, quoique indéniable sur les conditions de vie des populations, est encore limité pour jouer un rôle catalyseur de développement des localités concernées et contribuer significativement à la réduction de la pauvreté dans ces zones.
  • L’évaluation confirme ainsi le fait qu’il est nécessaire d’envisager simultanément l’électrification rurale avec des mesures d’accompagnement permettant d’en maximiser les effets indirects. La durabilité des résultats du projet est peu satisfaisante en raison d’une part, des difficultés rencontrées par la SBEE et d’autre part par les communes à faible ressources en ce qui concerne l’éclairage public. Au regard de l’ensemble des critères d’évaluation, la performance globale du projet est jugée satisfaisante.

Main Lessons

  • Une réelle volonté politique qui se traduit par la prise en charge des investissements d’électrification rurale est à la base du succès dans la réalisation de ce type de projet qui permet de répondre à la nécessité de maintenir les équilibres sociopolitiques et au souci d’aménagement équilibré de l’ensemble du territoire national.
  • L’électrification rurale n’est efficace que lorsqu’elle est accompagnée par des mesures permettant d’améliorer l’accès et l’utilisation de l’électricité, en vue d’impulser le développement économique et social local.
  • L’usage productif de l’électricité, qui permet de maximiser ses effets, requiert des actions susceptibles d’améliorer l’utilisation et la connaissance des avantages des équipements électriques, et de doter les petites entreprises des moyens financiers pour s’équiper en outils électriques.
  • Le choix d’un niveau de tension 30-35kV et des alimentations MT monophasées pour les petites localités où le développement économique prévisible est faible, est plus approprié pour réduire le coût de l’investissement par abonné domestique et accélérer leur électrification.

Main Recommendations

Recommandation(s) à l'Emprunteur :

  • Elaboration d’un schéma directeur de l’électrification rurale : Le Gouvernement devrait élaborer un schéma directeur de l’électrification du pays. Cet outil est indispensable pour établir les critères de choix des localités, de hiérarchiser et de programmer les projets d’électrification rurale. 
  • Maximisation des effets : Le gouvernement devrait maximiser les effets indirects de l’électrification en améliorant son accès tant quantitatif que qualitatif aussi bien que son utilisation, pour impulser tous les secteurs de développement économique et social ainsi que de toutes les activités humaines afin d’améliorer des conditions de vie des populations rurales. L’ABERME pourrait prendre en charge la maximisation des effets.
  • Prise en charge par l’Etat des investissements : Le gouvernement devrait prendre en charge les investissements de développement de l’électrification rurale dans le cadre du FNER ou autres subventions d’équipements à accorder à la SBEE.
  • Prise en charge des coûts récurrents de l’électrification : Le gouvernement devrait envisager un partage adéquat des coûts récurrents entre les différents partenaires (collectivités nationales et opérateur public) dans le cadre des projets d’électrification rurale. A ce effet, le gouvernement devait réaliser une étude afin d’identifier le mode de financement des coûts récurrents de l’électrification dans les communes à faibles ressources.
  • Mesures d’accompagnement : L’élan constaté dans certaines localités pour créer des activités économiques peut être davantage renforcé si des mesures d’accompagnement permettant de tirer un meilleur profit du potentiel mis à disposition par le projet sont prévues, telles que le développement des services de micro-finance pour permettre aux petites entreprises de s’équiper en machines et outils électriques, des services de formation professionnelle, des campagnes d’informations ciblées sur les avantages des équipements électriques en vue d’améliorer la connaissance sur l’utilisation des machines électriques, des frais d’abonnement à la portée des usagers. Ces approches méritent d’être au préalable testées à petite échelle.
  • Canaliser le développement des réseaux sauvages (toiles d’araignées). Plusieurs solutions sont envisageables comme celle qui consiste à court terme à permettre aux familles de s’organiser à gérer un compteur collectif, ou bénéficier d’un compteur de l’une d’entre elles pour accéder au réseau sans surcoût. Dans ce contexte, la SBEE pourrait déléguer dans les zones traversées par un réseau Moyenne Tension (MT) sans aucun risque technique ou financier, l’installation et/ ou la gestion des mini-systèmes de distribution électrique, soit à une des sociétés privées, soit à des groupements d’utilisateurs. D’autres actions plus efficaces consistent à : (i) initier des projets d’extension de réseaux afin de permettre à un plus grand nombre de ménages l’accès à l’électricité dans un premier temps et interdire par la suite l’établissement des « toiles d’araignée » et (i) de proposer des solutions de type compteurs à prépaiement. Ce phénomène est naturellement appelé à disparaître à moyen terme.

Recommandation(s) à l'Agence d'Exécution :

  • Rentabiliser les investissements : La SBEE devrait faire tout le nécessaire possible pour rentabiliser les investissements réalisés, en : (i) raccordant le maximum d’abonnés aux réseaux existants, (ii) améliorant la qualité de l’électricité fournie ; (ii) adaptant la structure des prix et en (iv) améliorant les services de maintenance et de recouvrement.
  • Opérer des choix techniques idoines : La SBEE devrait adopter le niveau de tension 30-35kV qui est plus indiqué pour les localités rurales que le 20kV, et envisager les alimentations MT monophasées pour les petites localités où le développement économique prévisible est faible, afin de baisser le coût de l’investissement par abonné domestique et accélérer leur électrification.

Recommandation(s) à la Banque :

  • Amélioration de la qualité des extrants : La Banque ne devrait pas encourager la réalisation des travaux de branchement en régie par la compagnie nationale de distribution d’électricité en raison des délais pris pour la réalisation des travaux et les coûts engendrés. Une alternative serait d’encourager la pratique de l’essaimage et le développement de PME sous-traitantes.
     
  • Évaluation d’impact : La Banque devrait mettre plus l’accent sur le suivi et l’évaluation des résultats et des impacts les plus significatifs de l’électrification rurale, sur l’amélioration des conditions de vie des populations, en combinant les méthodes d’évaluation participative et les enquêtes d’impact socioéconomique. Ce suiviévaluation devrait se faire durant tout le cycle du projet et au-delà.
     
  • Mesures d’accompagnement : La Banque devrait inclure dans ses projets d’électrification rurale un appui à la mise en oeuvre des mesures d’accompagnement afin de maximiser les résultats de développement des projets d’électrification rurale (sensibilisation, éducation, formation professionnelle et mise en place de microcrédit).
  • Equilibre des composantes : Les différentes composantes du projet doivent bénéficier du même niveau d’attention au moment de l’évaluation et de la mise en oeuvre. Le volet informatique envisagé pour renforcer le système de gestion des abonnés de la SBEE n’a pas été correctement évalué et mis en oeuvre. La Banque devait veiller à l’adéquation entre la spécificité du projet et la composition de l’équipe d’évaluation.
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