Evaluation Team
Ce rapport a été préparé par une équipe de consultants (Aurecon, République d’Afrique du Sud) coordonnée par Mme Maria PATEGUANA (Jeune professionnelle, OPEV.1) sous la direction de Mohamed MANAÏ (m.manai@afdb.org), Chef de division, OPEV.1.
Objective
Le cadre d’intervention du projet, décrivant les objectifs et les indicateurs de développement et les liens attendus entre les ressources, les activités, les produits et les objectifs de développement, figure à l’annexe 5. Rétrospectivement, l’objectif sectoriel était de renforcer la coopération et l’intégration régionales au travers d’échanges d’électricité entre la Zambie et la Namibie. Le projet visait aussi à mettre à disposition des divers secteurs économiques de la Zambie occidentale (et du Caprivi oriental) des ressources énergétiques adaptées, à moindres frais, dans le but de favoriser la croissance économique et d’améliorer la qualité de vie. Ce but à l’origine du projet a perdu de son importance avec la place croissante prise par les possibilités de commercialisation et d’exportation d’électricité pendant la mise en oeuvre du projet. Le projet a eu pour effets directs, à court terme, d’augmenter et d’améliorer la disponibilité de l’électricité en Namibie et en Zambie occidentale, et à moyen terme, d’améliorer la situation financière de ZESCO et des consommateurs d’électricité.
Main Findings
- La pertinence du projet est fonction de sa cohérence par rapport à la stratégie de la Banque, de l’emprunteur et des autres partenaires au développement. Elle dépend aussi aujourd’hui du rôle que jouera le projet à l’avenir dans l’axe électrique régional ZiZaBoNa. Concernant la qualité à l’entrée, toutefois, le projet s’avère insatisfaisant. La conception du projet présente six défaillances majeures dans l’appréciation des risques et des hypothèses : (i) elle n’a pas pris en compte la menace de pénurie d’approvisionnement en Zambie, (ii) elle s’est fondée sur une surévaluation de la croissance de la demande, (iii) elle n’a pas su engager NamPower à soutirer le volume prévu, (iv) les autres initiatives du secteur électrique ont été négligées et il a été estimé que les projets de transmission et de distribution nécessaires pour soutenir le projet en Zambie occidentale seraient mis en oeuvre de façon spontanée, (v) il y a eu des lacunes dans la configuration du projet en tant qu’option optimale d’approvisionnement (en raison des rôles multiples de ce projet) ainsi que (vi) des insuffisances spécifiques dans les domaines de la planification et la gestion environnementales.
- Le projet a été considéré comme efficace, mais avec des lacunes dans l’accomplissement des résultats à moyen et long terme. Tous les produits physiques ont été obtenus, en dépit de quelques problèmes de conception et du fait que la capacité prévue dans l’Accord d’achat et de vente d’électricité (AAVE) se situe bien en deçà de la capacité de la ligne. Les résultats à court terme concernant l’augmentation du transfert et des ventes d’électricité à la Namibie ont déjà été atteints ou sont en bonne voie. Les mesures de l’amélioration de la distribution d’électricité en Zambie occidentale indiquent que, si le nombre de clients desservis a augmenté, la qualité de l’approvisionnement a baissé. De même, les résultats intermédiaires concernant les échanges d’électricité sont positifs, sauf au niveau de la distribution. Ces résultats indiquent qu’au cours de l’évolution du projet, les objectifs de transfert et de vente d’électricité ont pris le pas sur les objectifs liés à la distribution.
- Les retards significatifs (près de 57 mois) dans la mise en oeuvre du projet auraient pu être évités par une réaction rapide de l’AE et de l’emprunteur. La comparaison avec des projets similaires dans la région montre que le coût du projet n’est pas exagéré. La rentabilité de l’exploitation de la ligne se situe dans ou très près des normes internationales. Un TRF élevé est attendu en raison d’événements imprévus, plus précisément l’accord énergétique avec ZESA/ NamPower. Le TRF se situe au-delà des estimations de l’évaluation, mais le gain économique projeté ne dépasse que de peu la rentabilité financière : l’efficience du projet est jugée insatisfaisante.
- La viabilité du projet est considérée comme satisfaisante, malgré quelques risques résiduels au niveau de la durabilité sociale et institutionnelle. La viabilité stratégique et politique du projet est encourageante, car le GRZ a ouvert la voie pour le développement du secteur électrique. Cela englobe la commercialisation du secteur (autonomie accrue et autosuffisance financière de ZESCO, autorisation des fournisseurs privés, supervision réglementaire indépendante par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) et gestion des objectifs sociaux via l’Agence de l’électrification rurale (REA) dans le cadre d’un environnement intégré de planification des ressources géré par le GRZ (ministère de l’Énergie et des Ressources en eau). Du point de vue technique et environnemental, aucun risque majeur n’a été identifié. En ce qui concerne la viabilité financière, l’appréciation du TRF montre que lorsque l’accord d’approvisionnement avec NamPower sera pleinement fonctionnel, les retours financiers du projet seront sans doute élevés, avec un retour sur l’investissement initial jugé acceptable. La performance de ZESCO à l’égard des indicateurs clés de performance (KPI) de la CRE n’est pas satisfaisante, mais la performance financière de l’entreprise indique une certaine amélioration.
- Les attentes sociales en Zambie occidentale n’ont toutefois pas encore été satisfaites. Au niveau institutionnel, il faut améliorer certains points relatifs aux capacités de gestion du projet : consignation des performances opérationnelles et documentation sur les coûts d’exploitation et de maintenance de l’interconnecteur, d’exploitation et de maintenance au niveau de la distribution ainsi que de la planification et la mise en oeuvre de la maintenance. Par ailleurs, le projet n’est pas parfaitement isolé des autres activités de ZESCO, ce qui l’expose à subir les répercussions de la situation financière globale de l’entreprise. Enfin, le taux de renouvellement au sein de la direction générale a été assez élevé les dernières années.
- D’autres impacts de développement que l’on peut raisonnablement anticiper attendent encore d’être réalisés. Ils ont été différés par les retards du projet et le fait que celui-ci n’est pas correctement aligné sur les programmes de distribution de la REA et de ZESCO (mais plusieurs initiatives de distribution ont à présent été lancées dans le cadre du Plan directeur de l’électrification rurale, le PDER récemment approuvé). Le projet prévoit de fournir de l’électricité « propre » (hydroélectricité) à la province occidentale de Zambie et la région orientale de Caprivi en Namibie pour remplacer des centrales à forte teneur en carbone basées sur le charbon ou le diesel. Aucune communauté n’a été déplacée lo in de son groupe, sa famille ou sa terre traditionnelle. La réinstallation des populations s’est limitée au déplacement d’unités familiales individuelles, en cas de nécessité, pour les éloigner des servitudes de la ligne électrique (en raison des risques pour la santé et la sécurité) vers des terrains adjacents. Les communautés n’ont donc pas été déplacées, et ont perçu des compensations monétaires très correctes.
- La performance globale de l’emprunteur est insatisfaisante. Bien que le projet ait atteint ses objectifs de transfert d’électricité et fonctionne sans problème, plusieurs lacunes ont été identifiées dans la gestion générale du projet : respect tardif des clauses contractuelles, révision de la conception du projet en milieu de parcours sans prendre en compte toutes les composantes, retards dans la mise en oeuvre et faiblesse du suivi et de l’évaluation (S&E) à l’issue du projet.
- La performance de la Banque est tout aussi insatisfaisante. La Banque ne s’est pas montrée exigeante sur la conception du projet et l’étude de faisabilité, elle n’a pas géré les conséquences du changement de dessein du projet et n’est pas intervenue pour corriger les retards pendant la mise en oeuvre. L’équipe de supervision de la Banque a estimé que les effets directs du projet avaient été réalisés sans confirmer clairement que c’était effectivement le cas.
Main Lessons
- Pour atteindre des buts dépassant les objectifs à court terme de transfert d’électricité, les projets de transmission doivent être soutenus par les prochaines étapes de la chaine de distribution (systèmes complémentaires de transmission ou de distribution).
- Les projets d’interconnexion de transmission sont complexes. Ils impliquent de nombreuses parties prenantes, sont exposés aux marchés de l’électricité et à des facteurs exogènes liés à deux pays ou plus, et opèrent donc dans un environnement particulièrement dynamique.
- L’appréciation de la demande en aval et l’accord contractuel attaché à cette demande sont cruciaux pour garantir la protection commerciale et les accords d’achat.
- Bien comprendre les interactions entre le projet, le dialogue politique et la réforme du secteur (y compris les stratégies de tarification et de recouvrement des frais) est une condition indispensable de viabilité du projet.
- La disponibilité de données de suivi et de statistiques sur la performance de la ligne de transmission contribue à améliorer l’efficience de ZESCO et son efficacité opérationnelle.
Main Recommendations
Recommandation(s) à la Banque et au Bénéficiare :
- La conception des projets de transmission doit s’accompagner de programmes de soutien clairement identifiés, avec des responsabilités précises. Les projets de transmission doivent être soumis à des tests de stress pour s’assurer que les éléments fondamentaux pour l’accomplissement des objectifs à long terme sont en place. Il faudrait aussi que l’évaluation de ce type de projet fasse preuve d’une plus grande exigence dans l’évaluation des risques et des hypothèses et dans l’examen de la conception préliminaire pendant la phase de faisabilité ainsi que dans l’obligation d’inclure des mesures d’atténuation appropriées. Il est recommandé à la Banque d’examiner avec le plus grand soin les études de faisabilité et de s’intéresser davantage aux missions préparatoires avant l’évaluation.
- L’environnement du projet doit être suivi en permanence afin de déterminer si les hypothèses principales restent valables. Le cas échéant, la Banque et l’emprunteur doivent tirer les leçons des erreurs de formulation et de mise en oeuvre, et prendre la responsabilité de les atténuer. Il faut mettre en place des instruments régionaux de supervision et d’orientation, ainsi que, si possible, des outils pour améliorer le crédit (et surmonter les risques s’ils deviennent insupportables pour l’une des parties de l’accord d’interconnexion). Cette fonction pourrait être dévolue au SAPP.
- À l’avenir, les projets de transmission et les projets d’interconnexion impliquant un approvisionnement local devront également prévoir la distribution au plan local de courant électrique fiable et abordable, en vue d’améliorer l’impact socioéconomique.
Recommandation(s) à la Banque :
- En raison de l’importance et la complexité des aspects techniques, commerciaux et juridiques de l’AAVE, la Banque devrait à l’avenir envisager d’aider ses pays membres régionaux à préparer et négocier des AAVE avantageux pour toutes les parties concernées et basés sur une évaluation approfondie des risques. Les parties devront convenir de mécanismes permettant d’actualiser l’appréciation des risques. La supervision de la Banque doit davantage se polariser sur les accords financiers et contractuels mis en place.
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Même lorsque les exigences nationales se limitent à un énoncé de projet, la Banque protégera sa réputation en adoptant une approche plus prudente et en se conformant elle-même aux meilleures pratiques internationales en matière de politique de protection.
- Les clauses et engagements de prêts relatifs à des opérations de ce type doivent être améliorés et accompagnés d’une aide complémentaire, par exemple une Étude économique et sectorielle (EES). Il est également conseillé à la Banque d’étudier la possibilité de prendre des mesures coercitives pour faire respecter les conditions du prêt qui sont essentielles à la viabilité du projet .
- Même si la gestion et la maintenance des postes ont été jugées satisfaisantes, la Banque devrait, dans ses futures opérations, s’efforcer de renforcer les capacités institutionnelles par un système de suivi et de consignation des données opérationnelles.
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Projet d’interconnexion électrique des des réseaux 132KV entre Victoria Falls et Katima Mulilo.pdf | 2.1 Mo |