Revue des études économiques et sectorielles de la Banque Africaine de développement (2005-2010)

Date: 21/08/2013
Type: Évaluation thématique
Secteur(s): Economie & gouvernance financière
Ref.: TR10016

Le présent rapport analytique a été établi par Guy Blaise Nkamleu, fonctionnaire principal chargé de
l’évaluation, sous la supervision de Odile Keller et de Mohamed Manai, tous deux chefs de division, et
avec l’orientation de Rakesh Nangia, directeur du Département de l’évaluation des opérations (OPEV)
de la Banque africaine de développement. Ce travail a également bénéficié des observations des
collègues des différentes structures de la Banque et de discussions sur diverses questions techniques.

Objective

Le présent rapport passe en revue la performance des études économiques et sectorielles réalisées durant la période 2005-2010 et constitue la première phase d’une évaluation globale de ces études. 

Il s’agit d’une ‘’évaluation formative’’ rapide. Ce rapport, qui a été établi avec un budget réduit, vise avant tout à alimenter le nouveau chapitre1 du Manuel des opérations sur les études économiques et sectorielles. La Direction prépare actuellement une nouvelle politique sur la gestion du savoir (notamment la mise en place d’un comité de gestion du savoir à l’échelle de la Banque). La présente revue devrait également permettre d’enrichir cette politique. La publication de ce document obéit à des considérations d’opportunité et d’utilité. La revue porte essentiellement sur les processus et procédures de préparation des études économiques et sectorielles. Elle évalue également la performance des activités de la Banque relatives à ces études en s’appuyant sur un examen du portefeuille, de la documentation disponible et de cinq études de cas de pays.

Le but de cette étude est d'évaluer EES de la Banque sur la période 2005-2010 et de tirer des enseignements et de formuler des recommandations pour améliorer l'efficacité de la future EES.
Cette étude doit être considérée comme une évaluation formative, que la Banque met en place un processus interne de EES.
Une théorie du changement derrière EES a sept étapes:

1. Développer une vision pour EES (politiques et stratégies).
2. Production.
3. Le traitement et l'emballage.
4. Diffusion.
5. Réception par les parties prenantes.
6. l'engagement des parties prenantes avec des messages.
7. Les parties prenantes prennent des mesures sur la base de messages.

Main Findings

La Banque n'a jamais eu une politique spécifique et complet pour EES. Bien que pas toujours explicitement mentionné, les éléments de la politique et la stratégie EES se trouvent dans le manuel d'opérations de la Banque, Manuel d'organisation et les stratégies du savoir de la Banque. Les résultats mettent en évidence la nécessité de consolider, harmoniser et les rendre explicites

Le volume de EES préparé a considérablement augmenté depuis 2008, mettant davantage l'accent sur les domaines stratégiques de la Banque. En réponse à la demande croissante de connaissances de pointe, les organisations internationales de développement publient des études et le rapport à la fois d'améliorer la qualité des prêts et comme une ligne d'affaires pour obtenir des conseils de politiques et de programmes pour les clients, etc.

Le portefeuille EES reste dispersée, difficile à trouver, et incohérent. La Banque n'a pas de définition d'entreprise de EES et conserve aucun enregistrement systématique, menant à la confusion sur ce qui constitue EES. La Banque produit EES dans tous les domaines, avec différentes orientations et de la profondeur. Dans certains cas, il y a double emploi avec d'autres bailleurs de fonds qui ont déjà préparé des rapports de EES similaires

Au cours des dernières années de planification et de programmation des EES et d'autres activités non-financières des entreprises se sont améliorées grâce au programme de laminage et de trois années de budget. Cependant, ceux-ci ne fournissent toujours pas une vue d'ensemble précise des activités de la Banque. La Banque omet systématiquement de se rendre compte prévue EES tout en initiant imprévue EES largement en réponse à la disponibilité des ressources plutôt que de besoins stratégiques ou la demande réelle en fonction des besoins opérationnels. Cette situation est aggravée par une mauvaise coordination et la hiérarchisation entre et au sein des unités de la Banque.

Manque de systèmes. Il n'y a pas de mécanismes pour la gestion EES comme un portefeuille, aucune base de données complète avec des termes de référence et des rapports, et pas de procédures harmonisées pour le contrôle de la qualité et / ou l'assurance de la qualité. Une mauvaise coordination entre les unités de la Banque et entre les bureaux extérieurs et le siège dans la même unité est un handicap pour la gestion efficace de l'EES de la Banque.

Diffusion de l'EES de la Banque est limitée, et le portefeuille EES a peu de visibilité dans les pays membres régionaux (PMR). Les bureaux extérieurs de la Banque ne sont pas clairement un rôle dans la diffusion de EES. En général, il y a très peu d'attention aux modalités et la budgétisation pour la diffusion. Actuellement, la diffusion est ad-hoc, sans lignes directrices formelles pour aider à choisir des stratégies de diffusion appropriées. Diffusion sur le document et la gestion des enregistrements système (DARMS) et de présenter à la Commission sont considérés comme les étapes de fin pour de nombreux documents EES, mais beaucoup ne sont ni présenté au conseil d'administration, ni affiché sur le web

Utilisation de produits EES - par la Banque elle-même, par les PMR, et par le grand public - est faible. Lorsque EES est utilisé, il a tendance à être miné que la Banque vers le bas-joue son rôle en influençant la prise de décision. La Banque a tendance à être moins disposés à utiliser EES pour pousser l'enveloppe sur le dialogue politique avec les gouvernements membres, même lorsque EES pourrait présenter un cas solide pour un changement de politique. Cela soulève des questions essentielles liées à l'objet et les objectifs de l'EES pour la Banque générale.

Main Recommendations

  • La Banque doit placer les EES dans leur contexte et leur donner une définition claire. Pour ce faire, il y a, au moins, deux préalables : i) décider si la Banque doit continuer à utiliser le terme ‘’EES’’ et préciser sa signification ; et ii) situer clairement la place des EES dans l’écosystème du savoir de la Banque. i) Le premier préalable comprend au moins trois options : 1) Adopter ce terme et ce qui va avec. La Banque pourrait continuer à utiliser le terme ‘’EES’’ avec la définition que lui donne la Banque mondiale qui l’a créé. Cette option présente l’avantage d’avoir une signification commune dans les deux institutions. 2) Adopter le terme et laisser le reste. Au fil du temps, les banques multilatérales de développement ont utilisé différentes définitions des EES en fonction de leur rôle et de leur fonction. La définition de la Banque mondiale ne correspond pas nécessairement à celle des autres banques multilatérales de développement ou aux ambitions de la BAD pour ce produit. Dans cette hypothèse, la Banque pourrait créer sa propre définition des EES pour refléter l’orientation qu’elle entend leur donner sous l’intitulé ‘’produits du savoir’’. 3) Abandonner le terme et ce qui va avec. Les EES de la Banque mondiale visent, de toute évidence, à influer sur les pays pour les amener à changer leurs politiques. La Banque mondiale dispose de capacités techniques plus importantes et est plus encline à mettre en question les positions des gouvernements. Elle est également plus à même de remettre en cause les statistiques et les analyses officielles. D’après la définition qu’elle leur donne, les EES constituent un instrument efficace qui contribue à la réalisation de ses objectifs. Dans le cadre de la définition des EES, la BAD doit clarifier les objectifs généraux et les ambitions qu’elle entend réaliser au moyen de cet instrument. Elle aura toujours besoin d’études pour appuyer ses opérations de prêt, mais elle n’est pas tenue de les qualifier d’EES. Une expression comme ‘’étude analytique pays’’, selon la définition de l’OCDE, est une possibilité à explorer. Cependant, cette option pourrait créer des problèmes en ce qui concerne les produits régionaux ou multinationaux. Ii) En ce qui concerne la place des EES, une grande confusion existe entre EES, documents de recherche et rapports internes (comme les analyses de portefeuille) et le public ciblé par les EES de la Banque n’est pas clairement identifié. La Banque devrait revoir sa stratégie en matière de savoir pour clarifier la fonction, l’objectif et la destination de ses produits d’analyse et du savoir. En s’inspirant du ‘’cadre général du savoir dans les organisations’’, on pourrait classer les produits du savoir en trois grandes catégories : 1) Le savoir destiné aux clients extérieurs désigne les études réalisées pour des pays en particulier et diffusées aux niveaux régional et continental. Les EES entrent dans cette catégorie. 2) Le savoir en tant que bien public est une étude qui n’est pas destinée à un client en particulier, mais qui permet d’améliorer les connaissances dans certains domaines du développement. Cette catégorie comprend les produits du Complexe de l’Économiste en chef (Rapport sur le développement en Afrique, documents de recherche destinés à stimuler les débats, etc.). 3) Le savoir à usage interne est un travail d’analyse destiné à informer le personnel de la Banque sur les méthodes ou résultats les plus récents et les nouveaux instruments ou produits destinés aux clients. Cette catégorie comprend les rapports sectoriels, les documents de politique générale, les enquêtes sur le portefeuille et les outils mis au point spécialement pour le personnel de la Banque.

 

  • La BAD se doit de prévoir un budget administratif suffisant pour financer les EES stratégiques, le montant de l’enveloppe allouée à cet effet étant fixé par les DSP. Les fonds fiduciaires devraient être utilisés uniquement pour les EES non planifiées, supplémentaires ou non essentielles. Le DSP devrait identifier les EES essentielles connexes à réaliser, ainsi que le dispositif de concertation sur la base d’études tangibles. Les équipes des DSP doivent séparer les EES proposées en deux groupes : i) les EES stratégiques financées par le budget administratif ; et ii) Les EES qui dépendent de la disponibilité des fonds fiduciaires. On pourrait, enfin, envisager de mettre en place un fonds fiduciaires sur le modèle des fonds fiduciaires pour la gestion du savoir proposés par l’Économiste en chef de la BAD afin de s'assurer un minimum de qualité.

 

  • Les EES devraient être mieux alignées sur la stratégie de la Banque et celles qui dépendent de la demande doivent être prioritaires. Les EES de la Banque sont, dans une grande mesure, liées à l’offre, même lorsque les gouvernements en sont les utilisateurs finals. La Banque surestime les besoins des pays en matière d’EES et rares sont les responsables qui lisent ce genre de rapports. Des études demandées expressément par les clients ont davantage de chance de trouver un public parmi les décideurs. Il faudrait évaluer soigneusement les besoins avant de planifier des EES qui devraient être mieux harmonisées avec la stratégie à long terme de la Banque et les stratégies de pays. En outre, la programmation annuelle des EES devrait se faire, au moins au niveau des complexes, pour garantir la flexibilité et les moyens de satisfaire la demande.

 

  • La Banque doit clarifier le rôle des bureaux extérieurs et des centres de ressources régionaux en ce qui concerne les EES. La décentralisation rapide est en train de créer de nouveaux centres de décision et la Banque doit faire en sorte d’adapter ses règles à ces changements. L’absence de directives sur la gestion et la diffusion des EES ne permet pas de définir de manière claire le rôle des bureaux extérieurs dans la production, la gestion et la promotion de ces études.

 

  • La Banque devrait mettre en place une méthode de travail et renforcer le contrôle interne pour améliorer l’assurance-qualité, la diffusion et la gestion des EES en tant que portefeuille cohérent de la Banque. Le rôle des différents départements dans la production des EES n’est pas bien défini. La plupart des départements sectoriels produit des EES dans des ‘’silos’’, ce qui risque de faire perdre de vue la dimension régionale ou nationale. La Banque devrait renforcer les liens entre les départements en ce qui concerne la production et la diffusion des EES. Les départements régionaux doivent servir de centre de liaison pour coordonner toutes les EES de leurs régions respectives. Ainsi, les EES seront conformes aux stratégies nationales et régionales. En ce qui concerne l’assurance-qualité, on pourrait, par exemple, faire en sorte que les EES soient examinées au même titre que les opérations de prêt et les DSP, y compris par des experts externes. On pourrait également prévoir un arrangement pour obtenir l’appui du Complexe de l’Économiste en chef qui serait chargé d’assurer un minimum de qualité. En tout état de cause, la Banque doit charger une de ses unités (par exemple le Département des stratégies ou ORVP) de superviser son portefeuille des EES, ou mettre en place à cet effet un groupe chargé de la stratégie du savoir. Même les EES bien ciblées et pertinentes doivent être diffusées pour être utiles. Au lieu de les mettre en ligne et attendre que les utilisateurs les trouvent et les exploitent, la Banque devrait envisager et appliquer d’autres méthodes de diffusion. Pour ce faire, il faudrait prévoir des mesures incitatives et un budget permanent pour diffuser toutes les EES.

 

  • La Banque doit faire preuve de réalisme quant à sa capacité réelle à produire des EES. Les objectifs de l’indicateur clé de performance en ce qui concerne les EES sont fixés sans tenir compte des capacités réelles de la Banque qui devrait se limiter à un petit nombre d’EES à fort potentiel de rentabilité, sur des thèmes et avec des partenaires choisis, et établir des arrangements institutionnels sur la division du travail avec les autres agences et organisations.