Tanzanie: Evaluation de l’assistance pays, 1996-2004

Date: 06/02/2006
Type: Évaluation de stratégies et programmes pays
Country(ies): Tanzanie
Statut: Achevé(e)
Ref.: CA10019

Evaluation Team

Le présent rapport a été établi par M. P-A. ROCHON, Chargé des évaluations principal, OPEV.

Objective

L’objectif de l’EAP est de mesurer l’impact sur le développement de l’intervention de la Banque en évaluant l’apport de son assistance à la réalisation des résultats prévus dans le Document stratégique du Gouvernement et dans la Stratégie de la Tanzanie pour la réduction de la pauvreté, ainsi que qu’à la réalisation des objectifs de développement du Millénaire. L’EAP tire également les leçons qui s’imposent de l’expérience accumulée sur la période pour renforcer les politiques et procédures futures de l’institution et améliorer la qualité des opérations de la Banque.

Main Findings

  • L’analyse des entraves à une croissance durable et à la réduction de la pauvreté dans les trois DSP ne fait pas suffisamment cas de Zanzibar. L’importance grandissante de Zanzibar dans les interventions de la Banque pourrait faire peser des risques accrus sur la réalisation des résultats, la performance et la qualité du portefeuille global de la Banque en Tanzanie, d’autant que Zanzibar n’a pas adhéré aux thèmes intersectoriels clés tels que le Genre et que les problèmes de Gouvernance à Zanzibar constituent un sujet préoccupant au sein de la communauté des bailleurs de fonds. Au vu des ressources limitées don’t dispose l’Ile de Zanzibar, et de ses caractéristiques sociales et économiques distinctes, il est nécessaire que Zanzibar soit davantage prise en compte lors de la planification stratégique des activités de la Banque en Tanzanie.
  • Dans l’ensemble, les efforts visant à limiter le nombre des secteurs qui interviennent dans la stratégie du Groupe de la Banque ont connu peu de succès. L’orientation sectorielle dans les secteurs programmés par la Banque n’était pas aussi bien définie qu’il était prévu. La sélectivité laissait également à désirer dans la stratégie car chaque DSP apparaît comme une stratégie autonome ayant peu de liens soit avec son prédécesseur soit avec son successeur.
  • Pour ce qui est de son avantage comparatif, la Banque semble se marginaliser en dépit de ses interventions remarquables dans certains secteurs. À titre d’exemple, en dépit de sa forte implication dans le secteur du transport (25 % du nombre total des opérations en Tanzanie pendant la période de programmation des trois DSP), la Banque n’a pas montré un grand esprit d’initiative dans la coordination de l’aide et la fourniture de conseils pour la rationalisation des processus institutionnels et les réformes sectorielles globales. Elle n’a pas encore pleinement exploité son atout dans le domaine du transport, tel que perçu par le Gouvernement tanzanien et d’autres bailleurs de fonds. Une situation analogue prévaut en ce qui concerne l’éducation.
  • Le dosage des instruments de prêt et des instruments hors-prêt dans le DSP était essentiel pour créer une synergie entre les différentes initiatives de la Banque pendant la période de programmation. Chaque DSP prévoyait une assistance composée surtout de prêts-projets, ainsi que de dons et d’opérations à l’appui de réformes. Les DSP ne fournissent aucune explication claire sur la manière don’t les projets, les dons, les PBL, etc., devraient se conjuguer pour atteindre l’objectif de réduction de la pauvreté. En outre, comme le dosage des instruments de prêt et des instruments hors-prêt dans le DSP a évolué pendant l’exécution, il est peu probable que la synergie entre différentes initiatives de la Banque pendant la période de programmation ait été réalisée comme prévu. En ce qui concerne la taille du portefeuille, comme le prêt moyen en dehors des PBL était d’une valeur inférieure à 10 millions d’UC, ces types de prêts ont nécessité un effort considérable de supervision qui pourrait en partie expliquer le vieillissement du portefeuille. Sur les 34 opérations, 8 ont été menées à terme (PBL et études). Aucun des projets sectoriels n’a été réalisé pendant la période de 9 ans couverte par le cycle des trois DSP. En moyenne, l’entrée en vigueur des opérations achevées et des opérations en cours depuis 1996 a pris 14 mois.
  • La Banque n’a pas participé à une approche sectorielle en ce qui concerne la santé ou de l’éducation (notamment la formation professionnelle, l’éducation pour adultes et l’éducation non institutionnelle). En outre, il se pose un problème lié à la répétition possible des efforts, notamment en ce qui concerne la construction d’unités de santé maternelle et infantile dans certains domaines, due au fait que le portefeuille de la Banque n’a pas été inclus dans l’approche de planification à l’échelle du secteur.
  • Aucun DSP ne s’appuyait sur un ensemble d’indicateurs de performance à moyen terme, encore moins sur un système de suivi et d’évaluation pouvant permettre de déterminer l’efficacité du programme d’assistance de la Banque. Même si les DSP présentaient des indicateurs à long terme acceptables, essentiels pour juger du succès de la stratégie du Gouvernement en matière de réduction de la pauvreté, ils n’offraient pas d’indicateurs de résultats à moyen terme susceptibles d’être vérifiés. Il importe qu’à l’avenir de tels indicateurs de performance soient identifiés. Les sources, les données et les indicateurs sélectionnés pour le suivi des projets et l’évaluation des retombées n’ont pas été identifiés et décrits de manière précise dans le rapport d’évaluation prospective. De même, aucune place n’a été réservée à la collecte d’informations par l’emprunteur dans les conditions pertinentes contenues dans les accords de prêt et elle n’a pas fait l’objet d’un suivi régulier de la part de la Banque. L’absence d’un système de suivi et d’évaluation dans les DSP était un défaut de conception dans l’élaboration des directives du DSP qui, espère-t-on, sera réparé avec le nouveau DSP axé sur les résultats. Ce problème a été aggravé par l’absence de systèmes de suivi et d’évaluation compatibles au sein du Gouvernement tanzanien. Les enjeux liés à la pauvreté n’étaient pas assortis d’objectifs et d’indicateurs clairement définis pouvant faciliter le suivi et l’évaluation.
  • L’évaluation montre également que les études économiques et sectorielles jouent un rôle important dans la formulation et le soutien aux programmes de réformes qui sous-tendent les prêts de la Banque, particulièrement dans l’amélioration des activités de développement institutionnel. À cet égard, les études diagnostiques, telles que les études sectorielles, aideraient la Banque à se positionner lorsqu’elle aura des interventions d’envergure dans les secteurs où elle n’a pas pleinement misé sur l’avantage comparatif qu’elle possède à ce niveau.

Main Recommendations

Recommandation(s) à la Banque :

  • La sélectivité, ainsi que le dosage des instruments de prêt et hors-prêt utilisés pour réaliser une synergie entre les différentes initiatives de la Banque pendant la période de programmation doivent constituer dès le début des futurs DSP un impératif incontournable. Les opérations doivent poursuivre les efforts pour limiter le nombre de secteurs qui interviennent dans la stratégie du Groupe de la Banque aux fins d’accroître le montant moyen des prêts. Les DSP doivent également démontrer clairement la manière dont les projets, les dons, les prêts à l’appui de réformes, les projets d’investissement, etc., doivent être conjugués pour la réalisation de l’objectif de réduction de la pauvreté. 
  • Les études économiques et sectorielles sont essentielles pour renforcer la base d’informations/connaissances devant appuyer les opérations de prêt de la Banque et éclairer le processus de dialogue sur les politiques. Elles doivent devenir une condition sine qua non à l’amélioration de la qualité des interventions de la Banque. Il est impératif que le Groupe de la Banque initie des études économiques et sectorielles, qui pourraient être réalisées isolément ou en association avec d’autres partenaires au développement (Banque mondiale/FIDA). Dans cette optique.
  • La Banque devrait chercher à démultiplier les financements disponibles et accroître ses propres ressources engagées dans les études économiques et sectorielles (entre autres, pour les enquêtes, les études, la conception des programmes, etc.) pour des interventions sectorielles. En outre, le prochain DSP doit inclure une analyse rigoureuse de Zanzibar afin de mieux cerner les besoins de l’île et son poids dans la stratégie globale de la Banque. Il doit inclure une analyse des risques liés aux investissements futurs à Zanzibar. 
  • En ce qui concerne les prêts à l’appui de réformes, il faudrait établir de meilleurs rapports de partenariat avec les institutions de Bretton Woods pour donner l’orientation de la conception et de la préparation des programmes. Une importance particulière doit être accordée aux questions de politique générale liées aux interventions sectorielles en cours et/ou prévues dans le DSP. La Banque doit accroître et relever le niveau de son dialogue avec le Gouvernement pour effacer l’idée persistante selon laquelle la Banque joue un rôle econdaire par rapport aux autres bailleurs de fonds (notamment la Banque mondiale).
  • La Banque doit poursuivre son appui budgétaire multilatéral (MDBS) et participer aux SWAp avec d’autres bailleurs de fonds tout en assurant que son apport intellectuel à ces types d’interventions s’appuie fortement sur des études économiques et sectorielles. À titre d’exemple, pour une meilleure intégration du genre, les DSP doivent adopter les recommandations formulées par le récent Profil multisectoriel du genre par pays pour la Tanzanie, notamment en ce qui concerne l’élaboration des DSP par la Banque, les initiatives d’appui budgétaire, les Programmes de prêts à l’appui de réformes et les SWAp.
  • L’efficience est un facteur crucial pour l’exécution des programmes de la Banque. Une réunion spéciale entre le Directeur-pays pour la Tanzanie et les Coordinateurs de projet de la BAD en Tanzanie (ainsi que le ministère des Finances) devrait être organisée au cours des trois prochains mois afin de s’informer à la bonne source et traiter les nombreuses questions liées à l’efficience. Ceci pourrait être expressément mentionné dans le prochain DSP. En particulier, pour réduire au minimum les retards dans la mise en œuvre, les mesures suivantes doivent être appliquées.
     
  • Les calendriers de décaissement doivent traduire l’expérience acquise par la Tanzanie dans chaque secteur avec un « coefficient d’amélioration » approprié (modeste). Toute déviation majeure par rapport aux canevas historiques nécessiterait alors une justification spéciale.
     
  • La formation aux procédures d’acquisition de biens et services et de décaissement de la Banque doit faire partie intégrante du traitement des projets et doit être dispensée aux fonctionnaires qui en ont besoin, idéalement avant l’approbation de chaque projet. L’organisation de missions de lancement pour l’ensemble des projets aidera également à un bon démarrage des projets.
     
  • Les retards accusés au titre de l’entrée en vigueur peuvent être réduits au minimum en exigeant la satisfaction des conditions de fond avant l’évaluation prospective ou dès l’approbation par le Conseil. Les conditions à remplir avant l’entrée en vigueur seraient alors limitées en premier lieu aux dispositions légales.
     
  • Les RAP ne sont pas établis à temps ou de manière systématique et l’on n’en tire ainsi aucune leçon utile. Cette situation peut être réparée en établissant sans tarder des RAP de sorte que les bonnes leçons tirées de ce que l’on considère comme des exemples de réussite puissent être appliquées ailleurs en temps voulu. Un CPPR doit également être établi de façon régulière. Il est aussi nécessaire de fournir un budget adéquat pour la préparation des RAP. Le Directeur-pays devrait élaborer un plan d’action afin d’être à jour sur les RAP et les CPSRP.
     
  • Le cadre actuel du DSP pour la période 2005-09 devrait prévoir un module d’évaluation solide comprenant des indicateurs de performance vérifiables et objectivement mesurables, aussi bien pour les évaluations à mi-parcours que pour les évaluations finales des DSP.
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