Le 26 juin 2019, une trentaine de membres du personnel de la Banque africaine de développement (BAD ou la Banque) ont discuté de « l'optimisation des opérations d’appui programmatique (OAP) de la Banque en tant que paquet d’appui » lors d'un atelier organisé au siège de la Banque à Abidjan, en Côte d'Ivoire. Cet événement était le troisième d'une série d'ateliers organisés conjointement par IDEV et le Bureau de coordination de la gouvernance et de la gestion des finances publiques de la Banque.
Les deux ateliers précédents tenus à Pretoria et à Nairobi, respectivement les 21 et 28 mai, étaient destinés au personnel et au managers basés dans les bureaux régionaux et pays de la Banque. Leur objectif était de sensibiliser le personnel sur les OAP et sur l’application de la politique de la Banque en matière d’OAP, ainsi que sur les meilleures pratiques. Ils font suite à une récente évaluation indépendante des OAP de la BAD.
Les OAP, également connus sous le nom d’appui budgétaire, sont des instruments que la BAD utilise pour fournir des fonds directement au Trésor d’un pays à l’appui du budget national. Par ailleurs, les OAP sont censés soutenir les réformes économiques et financières générales ou spécifiques à certains secteurs dans le pays.
L'évaluation des OAP de la Banque a révélé qu'ils restent des instruments pertinents et utiles pour la BAD et ses clients et que leur performance est globalement satisfaisante. Cependant, ils se sont avérés difficiles à concevoir et à gérer efficacement. L’évaluation a également mis en évidence certaines lacunes dans la mise en œuvre des OAP et le fait que la Banque n’avait pas suffisamment investi dans son infrastructure institutionnelle pour tirer le maximum de profit de l’utilisation des OAP.
Un appel à la Banque visant à accompagner les OAP de conseils stratégiques fondés sur un travail analytique solide a résonné au cours des trois ateliers. « La rigueur analytique est insuffisante pour donner des conseils sur les OAP, ce qui se reflète dans la qualité des politiques », a déclaré Kapil Kapoor, Directeur général du bureau régional de la Banque pour l’Afrique australe, lors de l’ouverture de l’évènement à Pretoria. Le responsable pays pour l’Éthiopie a souligné le même point : « Le dialogue doit reposer sur des analyses, sinon votre dialogue sera superficiel et vous ne pourrez pas assumer le leadership qui vous permettra d’influencer la politique », a-t-il déclaré lors de l'atelier de Nairobi.
L'importance des OAP pour la Banque a été affirmée lors des trois ateliers. À Abidjan, Hervé Lohoues, économiste principal au bureau régional de la Banque pour l’Afrique centrale, a parlé de la popularité des OAP parmi les pays membres régionaux. « Rien qu'en 2018, la Banque a octroyé des OAP à hauteur d'environ 336 millions d’USD à des pays d'Afrique centrale. Les « OAP », a-t-il déclaré, « sont un outil important pour la Banque dans la promotion du développement dans la région, en particulier pour le dialogue politique avec les pays ». De même, Marcelin Ndong Ntah, économiste principal au bureau régional de la Banque pour l’Afrique de l’Est, a déclaré que, bien conçus, les OAP offraient à la Banque un point d’entrée unique pour le dialogue politique avec les pays afin d’appuyer les réformes sectorielles essentielles.
Une des principales préoccupations soulevées lors des trois ateliers était la mauvaise coordination et le travail d'équipe autour des OAP au sein de la Banque. Les OAP doivent être placés sous la responsabilité de tout le personnel du bureau pays. Le rôle moteur du responsable pays dans le dialogue politique associé ne saurait être trop souligné. Le responsable pays devrait être assisté dans le dialogue par une équipe d’experts (spécialiste de la gouvernance, économiste pays, expert sectoriel, etc.) composée de fonctionnaires du bureau pays, du bureau régional et du siège lorsque les compétences requises ne sont pas disponibles au bureau pays.
Les participants ont trouvé les ateliers attrayants et utiles. « L'atelier m'a aidé à comprendre les difficultés que nous avons rencontrées dans la préparation d'une OAP par le passé. À l’époque, nous n’avions pas évalué correctement les critères d’éligibilité du pays », a déclaré un participant à l’atelier de Pretoria.