Photo. May 2017. Discussion avec trois femmes de Mantaba, Cabo Verde. De gauche à droite, L'évaluateur IDEV Carla Silva, Augusta Lopes, Joana Gomes Lopes, l'évaluateur IDEV Monica Lomena Gelis, Isabel Semedo Furtado.
Le relief montagneux et les vents marins aux îles de l'archipel du Cap Vert rendent la vie dure et posent des défis constants pour leurs habitants. Plus de 350 000 sur les environ 500 000 Capverdiens vivent en zones rurales. Ils cultivent traditionnellement en quantité suffisante pour nourrir leurs familles, mais en raison du recours à un procédé d’agriculture sur brûlis, la surface des terres arables a été considérablement réduite au cours d'une génération. Cela n'a pas seulement causé des problèmes aux agriculteurs, mais a aussi engendré des problèmes de glissement de terrain et de rétention des eaux superficielles. Les eaux pluviales dévalent de plus en plus les pentes abruptes, rendant la collecte d'eau extrêmement difficile. Le manque d'eau superficielle les contraignait à transporter jusqu'à 20 litres d'eau de sources éloignées jusqu’à leurs maisons. Bon nombre de femmes migrait de façon saisonnière vers les villes, fuyant les difficultés causées par le manque d'eau.
L’exploitation des terres et des ressources en eau comme moyen de développement durable était le principe du projet financé par la BAD et mis en œuvre dans deux bassins hydrographiques de l'île de Santiago. La faisabilité du projet a été étudiée entre 1997 et 2001 par la FAO et le projet fut approuvé en 2002 pour un montant de 5,96 millions d’UC de la BAD et un cofinancement de la BADEA (3,41 millions d’UC) et du gouvernement cap-verdien (2, 18 millions d’UC).
Les plates-formes surélevées ou les terrasses avec des gabions en pierre étaient les solutions proposées pour freiner l'érosion et restaurer les terres arables. Un système de barrages, d'irrigation et un projet de plantation d'arbres ont également été financés. Afin d'améliorer sa durabilité et d’en faire un programme inclusif, des cours de sensibilisation et de renforcement des compétences ont été organisés. 66 personnes ont été formées à des compétences professionnelles et 70% des emplois créés sont des postes occupés par des femmes.
Dans le cadre de la mission d'évaluation de la Stratégie et du programme pays (ESPP), les évaluateurs d'IDEV, accompagnés du personnel du Bureau régional de la BAD du Sénégal, ont effectué une visite sur le terrain en mai 2017 afin d’évaluer l'état actuel des infrastructures ainsi que d'autres impacts socio-économiques de l'intervention, en particulier pour les femmes.
Les trois femmes interrogées appartiennent à une coopérative de sept femmes. Elles ont reçu une formation en agriculture. La formation était rémunérée et elles bénéficiaient d’une couverture de sécurité sociale .Une ligne de crédit a également été mise à leur disposition. Le groupe de femmes a rapporté aux évaluateurs d’IDEV que la dynamique de la région avait changé; le projet a entraîné des améliorations dans la production vivrière et par conséquent dans la nutrition et l'accès à l'éducation pour leurs enfants.
Les femmes ont eu accès à un prêt afin d’acquérir 6 vaches et un taureau. Un des animaux est mort mais elles n'auront pas à rembourser le crédit pour cet animal. Joana Gomes Lopes a affirmé que la formation qu'elle a reçue lui a appris à cultiver plus efficacement.
Les travaux sur les infrastructures dans les bassins hydrographiques de Picos et Engenhos sur l'île de Santiago ont commencé en 2007. Une décennie plus tard, les infrastructures sont encore dans un bon état, comme en témoigne cette photo d'une digue de rétention servant à ralentir le ruissellement et favoriser l'infiltration d'eau pour l’agriculture. Au cours de l'évaluation de la Stratégie et du Programme pays 2008 - 2017 pour le Cap-Vert, dont les résultats sont attendus pour le premier trimestre 2018, IDEV tentera de déterminer les impacts du projet de gestion des bassins hydrographiques sur plus de 6300 bénéficiaires et sur l’état général des bassins hydrographiques. IDEV tentera également d'évaluer la durabilité des travaux de conservation des sols et de l'eau mis en place par le projet.
De nos jours, les femmes restent dans leur village tout au long de l'année, cultivant de la laitue, de la betterave, des courgettes, des petits-pois, du citron, des mangues et de la canne à sucre. Elles fréquentent des foires agricoles et vendent leurs excédents sur le marché. Elles ont par conséquent gagné en sécurité financière. Leur principal problème aujourd'hui est l'état de la route pendant la saison des pluies.
Les documents à la fin du projet en 2010 ont fait état d’une augmentation de la production agricole de 20 % attribuée au projet et une augmentation moyenne de 15 % des revenus de plus de 6300 bénéficiaires. Les évaluateurs d'IDEV tenteront de comparer cette information avec ses résultats en 2017 afin de déterminer la durabilité des améliorations.