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Jeudi, 2 juillet, 2015

Il est communément admis que les évaluations d'impact sont utiles pour mieux comprendre ce qui marche (et ce qui ne marche pas) dans les interventions de développement de la Banque africaine de développement (BAD). Elles peuvent permettre à la Banque de démontrer plus facilement les résultats de ses activités de développement, c'est-à-dire les améliorations concrètes de ces activités dans la vie des personnes, des familles et des communautés. Mais quand la question se pose de savoir comment cette pratique peut être institutionnalisée à travers la Banque et son portefeuille toujours de plus en plus important, la réponse est moins évidente.

Ainsi qu'il est clairement ressorti d'une session de la Communauté de pratique sur l'évaluation (ECOP) de la BAD organisée par l'Évaluation indépendante du développement (IDEV) le jeudi 2 juillet 2015 au Siège à Abidjan, les évaluations d'impact sont complexes, difficiles et coûteuses à mettre en œuvre. À ce jour, des évaluations d'impact ne sont prévues que pour neuf projets du portefeuille de la BAD ; un chiffre relativement bas si on le compare aux pratiques des autres Banques multilatérales de développement (BMD), selon les experts.

La Stratégie de la Banque pour la période 2013 à 2022 est ancrée dans la transformation de l'Afrique et dans l'amélioration de la croissance économique du continent, fondée sur l'inclusion et la durabilité. Selon Issa Faye, Directeur de division au sein du Département de la recherche sur le développement, qui a présidé la session de l'ECOP, ces objectifs seront difficiles à atteindre en l'absence de preuves crédibles et obtenues de manière indépendante de ce qui fonctionne, pourquoi et dans quelles circonstances.

"Nous devons travailler main dans la main à l'intégration des évaluations d'impact dans les projets de la Banque afin de garantir la réussite de la Banque dans la transition vers une croissance verte et inclusive à l'horizon 2023," continue M. Faye.

Même si l'importance des évaluations d'impact est largement reconnue, elles ne sont pas toujours faciles à mettre en place, reconnait Karen Rot-Munstermann, représentant l'Évaluateur Général de la BAD lors de l'évènement.

"Même s'il est communément admis que les évaluations d'impact sont essentielles à l'élaboration de politiques fondée sur des données probantes, ce n'est pas toujours aussi simple en pratique. Il est difficile d'établir des liens de causalité entre l'intervention et les résultats observés", observe-t-elle.

Au cours de la discussion, plusieurs intervenants ont noté l'importance des données de référence, de la mobilisation de ressources additionnelles, du renforcement des capacités et de la mise en place de mesures d'incitation afin d'améliorer la demande et l'utilisation des évaluations d'impact.

L'évaluation d'impact, pas adaptée à tous les projets

La BAD met en œuvre aujourd'hui des centaines d'interventions dans une dizaine de secteurs différents à travers l'Afrique. Il ne s'agit pas pour autant de toutes les évaluer par le biais d'évaluations d'impact. "Il faut se montrer sélectif dans le choix des programmes qui feront l'objet d'une évaluation d'impact. Ils ne sont pas tous adaptés à ce type d'évaluation", averti Jyotsna Puri, Directrice exécutive adjointe de l'Initiative internationale pour l'évaluation d'impact (3ie).

"Afin que les évaluations d'impact restent pertinentes, la communauté de développement doit les concevoir de telle manière à ce qu'elles soient rapides, économiques, et qu'elles produisent des résultats rapidement, ajoute-t-elle. De plus, il faudrait intégrer les leçons tirées des évaluations d'impact dans les nouveaux projets et programmes".

Jacob Oduor, du Département de la recherche sur le développement, et Rita Tesselaar, de l'Évaluation indépendante du développement, ont présenté le travail de la Banque dans ce domaine, notamment le Groupe de référence sur l'évaluation d'impact et les quatre évaluations d'impact en cours dans le domaine de l'eau et de l'assainissement. Les projets de la Banque liés à l'évaluation d'impact ont rencontré plusieurs obstacles mais ils sont également très prometteurs.

D'autres intervenants ont souligné l'importance du dialogue avec les autorités (locales), les bénéficiaires, et les autres acteurs sur le terrain, telles que les agences statistiques nationales et les universités. La nécessité d'une planification à long terme  et d'une meilleure coordination entre les différentes parties prenantes au sein de la Banque, et particulièrement avec les départements des opérations, a également été mise en avant.

Les participants ont conclu que la BAD devrait continuer à réaliser des évaluations d'impact, de manière sélective, avec des modèles bien conçus et l'éventail de compétences nécessaire, y compris celles des institutions locales. Le plus important est d'impliquer tous les départements concernés et de développer une stratégie commune pour aller de l'avant.

La session du 2 juillet de la Communauté de pratique sur l'évaluation (ECOP) est la deuxième d'une série d'évènements de partage des connaissances organisés en 2015. La prochaine session de l'ECOP aura lieu le 22 juillet 2015 et aura pour thème le rôle des Parlementaires dans la création d'un environnement propice à l'utilisation de l'évaluation dans la prise de décisions et l'élaboration de politiques publiques.