Cabo Verde – Évaluation de la stratégie et du programme pays (2008-2017)

Entre 2008 et 2017, les opérations de la Banque africaine de développement (BAD ou la Banque) à Cabo Verde se sont chiffrées à environ 210 millions d'UC (297 millions de dollars EU), dont des subventions octroyées par la Facilité africaine de l’eau, le Fonds d’investissement pour le climat, le Fonds d’assistance technique en faveur des pays à revenu intermédiaire et le Fonds pour l’énergie durable en Afrique.

Afin d’éclairer la nouvelle stratégie pays de la Banque à Cabo Verde, IDEV a entrepris une évaluation de la stratégie et du programme pays qui comprend deux Documents de stratégie pays (DSP): le DSP 2009-2012, étendu à 2013, et le DSP 2014-2018. Elle examine des questions telles que: dans quelle mesure les interventions spécifiques ont-elles été utiles pour répondre aux besoins du pays? Dans quelle mesure les questions de durabilité ont-elles été prises en compte lors de la conception de la stratégie et de son suivi ? Et dans quelle mesure la stratégie de la BAD à Cabo Verde a été conçue pour promouvoir l'égalité des genres et l'inclusion sociale?

L’évaluation porte sur 26 opérations, principalement dans les domaines de la gouvernance (projets d’appui budgétaire et d’appui institutionnel, y compris la promotion des partenariats public-privé), des infrastructures, de la gestion de l’agriculture et de l’eau, de l’environnement, de l’énergie et des statistiques.

Pour ce qui concerne la méthodologie, l'évaluation s’est appuyée sur approche basée sur la théorie qui comprend trois niveaux d'appréciation : la stratégie de la Banque, le portefeuille et les interventions individuelles. Dans l’ensemble, la performance de la Banque à Cabo Verde entre 2008 et 2017 a été jugée satisfaisante en ce qui concerne la pertinence, l’efficacité et la durabilité de la stratégie et des interventions individuelles dans le portefeuille, et insatisfaisante en matière d’efficience.

L'évaluation a noté que la Banque a été un partenaire fiable du gouvernement cap-verdien, offrant une source substantielle et continue d’appui financier et technique aux réformes de gouvernance et au développement des infrastructures. Des préoccupations ont été soulevées en ce qui concerne le respect du calendrier de mise en œuvre du portefeuille d'infrastructures et les dons du fonds fiduciaire. L’évaluation fournit des enseignements précieux et des recommandations à la Banque pour les futurs engagements auprès des pays à revenu intermédiaire (PRI) et des petits États insulaires en développement afin de renforcer l’appui de la Banque à Cabo Verde pour le futur cycle de prêt.

Principales conclusions de l'évaluation

Pertinence : Dans l'ensemble, le programme cadrait parfaitement avec les priorités nationales de développement et les priorités institutionnelles de la BAD, à l'exception de l'intégration régionale. Efficacité : Les principaux produits stratégiques de l’appui de la Banque ont été réalisés. Cependant, les résultats ont été plus difficiles à atteindre pour les trois catégories (gouvernance, infrastructures, agriculture / gestion de l'eau). Dans certains cas, cela est lié aux faibles synergies entre les piliers. Efficience : Des retards importants ont eu des incidences négatives sur la mise en œuvre des opérations d'infrastructures. De même, les projets du fonds fiduciaire qui appuient la gouvernance et les interventions relatives à l'atténuation du changement climatique, à l'agriculture et à la gestion de l'eau ont été entravés par des retards et des goulets d'étranglement au niveau de l'exécution. Durabilité : Les stratégies pays comprenaient une bonne analyse des facteurs susceptibles d'influer négativement sur la durabilité du programme, mais elles n'ont pas pu mettre en œuvre des mesures d'atténuation suffisantes. Performance de la Banque : L'établissement de partenariats efficaces a été essentiel à l'appui de la Banque à Cabo Verde. Presque tous les grands investissements dans les infrastructures et les ressources en eau ont permis à la Banque d’exploiter ses ressources et celles d'autres donateurs pour répondre aux besoins de financement des investissements. La participation au Groupe d'appui budgétaire multidonateurs et l'utilisation des OAP sont de bonnes pratiques pour l'harmonisation des donateurs et pour encourager l'appropriation nationale en vue de la mise en œuvre des réformes clés.

Principales recommandations de l'évaluation

La Banque devrait poursuivre son appui aux réformes menées à l’initiative du gouvernement en vue de stimuler une croissance inclusive et la viabilité des finances publiques, mais cela devrait reposer sur une meilleure connaissance des contraintes. Le nouveau DSP devrait trouver des moyens de maximiser les synergies entre les piliers de la stratégie de la Banque. Les résultats stratégiques devraient être convenus avec les autorités nationales et faire l'objet d'un suivi régulier. La nouvelle stratégie devrait mettre davantage l'accent sur la qualité et la durabilité des projets. Intensifier les interventions et les réformes relatives aux micro, petites et moyennes entreprises (MPME) pour stimuler l'emploi et rendre le processus de croissance plus inclusif. Rendre les programmes de gestion des bassins versants plus durables en intégrant le développement des chaînes de valeur agricoles et l'adaptation au changement climatique ainsi que l'atténuation de ses effets Le renforcement de la présence de la Banque dans le pays en vue du dialogue sur les politiques est encouragé, avec au moins un agent de coordination lusophone basé à Praia.

Chargée d’évaluation: Monica Lomena-Gelis