Evaluation Team
Le présent rapport a été élaboré par M. P.A ROCHON, Chargé Principal d’Evaluation et M. Berté KAMA, Consultant, à la suite d’une mission effectuée au Cameroun du 05 au 23 mars 2007. Toute question relative au rapport devra être adressée à M. H. RAZAFINDRAMANANA.
Objective
L’objectif principal de cette évaluation est de passer systématiquement en revue l’assistance de la Banque dans le secteur de l’agriculture et du développement rural au Cameroun, tant du point de vue des stratégies de la Banque et du pays, que de l’aide sous forme d’opérations de prêts et hors prêts. La présente évaluation porte sur les résultats obtenus par le programme d’assistance de 1996 à 2004. Elle dégage, en matière de politiques et stratégies, des leçons qui devraient permettre d’améliorer les interventions futures. Les conclusions de l’étude viendront compléter les études similaires réalisées dans d’autres secteurs. Elles seront prises en compte dans l’évaluation de l’assistance du Groupe de la Banque au Cameroun.
Main Findings
- Le Cameroun est un pays à vocation agricole et le secteur rural, qui contribue à hauteur de 30% au PIB, occupe une place de premier plan dans l’économie camerounaise. Entre 1987 et 1993, l’économie camerounaise a enregistré une baisse brutale des revenus d’exportation, en raison de la baisse persistante des cours des principaux produits d’exportation (pétrole, café, cacao et coton) et une dégradation du PIB. Suite à une série de programmes successifs de stabilisation macroéconomique, de réformes structurelles et de libéralisation progressive des activités économiques amorcés en 1995, la croissance économique a repris, avec un taux moyen de 4,5% par année, en particulier grâce au développement des cultures vivrières, des biens manufacturés et, plus récemment, à la réalisation de grands projets d’infrastructures routières ou de l’oléoduc Tchad–Cameroun.
- Les principales contraintes de développement du secteur rural sont : (i) le faible niveau de formation des producteurs et l’insuffisance des dispositifs de formation (ii) la faible participation du secteur privé ; (iii) l’insuffisance et le mauvais état des infrastructures rurales ; (iv) l’accès limité aux marchés d’intrants et de produits agricoles ; (v) l’insuffisance de financement ; vi) les difficultés de production et de commercialisation des semences ; vii) la forte incidence des maladies et ravageurs ; (viii) l’accès limité aux terres et l’insécurité foncière ; (ix) l’insuffisance de prise en compte des critères de compétence pour le personnel destiné à encadrer le secteur ; (x) la forte centralisation des services étatiques ; et (xi) la complexité et la lourdeur des procédures administratives, sources de retards et parfois de corruption.
- La stratégie d’assistance de la Banque dans le secteur agricole distingue les interventions à travers les opérations de prêts qui s’accordent bien avec les priorités du pays, et les opérations hors prêts. Pour le premier groupe d’opérations, les options de la Banque sont en phase avec celles du pays. Les instruments d’aide hors prêts ayant contribué à la qualité du dialogue entre la Banque et le pays ont été : (i) les Documents de Stratégie par Pays (DSP) ; ii) les revues de portefeuille ; iii) les missions de supervision et iv) la participation à différentes activités (études, comité de bailleurs, etc.). On note une nette amélioration de l’approche qui devient plus participative avec concertation des différentes parties prenantes. La stratégie de la banque a été pertinente.
- Sur la période, les neuf projets de référence dans cette étude s’inscrivent bien dans les stratégies de lutte contre la pauvreté à travers une amélioration des productions agricoles, animales et halieutiques, et forestières. L’analyse des différents cadre logiques révèle que les objectifs sectoriels se résument à deux volets : i) l’amélioration des revenus et ii) la sécurité alimentaire dans les zones de projets. Ces objectifs figurent parmi les priorités du Cameroun en matière d’agriculture et développement rural (NPA, SDSR). Elles sont conformes à l’objectif de la Banque qui est de promouvoir une croissance économique durable et de réduire la pauvreté en Afrique, notamment en investissant dans le développement rural.
- L’exécution des projets a cependant rencontré d’énormes difficultés imputables essentiellement à l’emprunteur. Les sanctions imposées au pays et aux projets pour diverses insuffisances ont amené la Banque à proroger la quasi-totalité des projets. Des problèmes récurrents de décaissement sont imputables à la Banque.
- Malgré l’importance du portefeuille, compte tenu des différentes reformulations et suspensions, l’impact des projet dans le secteur n’est pas encore perceptible à l’exception de la recherche qui été redynamisée grâce à la Banque.
Main Lessons
- L’inconstance des interventions dans le secteur (inscription ou non aux FAD successifs) traduit une vision plutôt de court et moyen termes des interventions. La question de la durée de la période couverte par les DSP se pose.
- La récurrence du problème de décaissement au niveau de la Banque parmi les goulots d’étranglement de l’exécution des projets les problèmes répertoriés par l’emprunteur traduit l’insuffisance des nouvelles mesures qui ont été prises par la Banque. La prolongation des délais peut être aussi imputable au département technique chargé des dossiers. Les « task manager » n’ont pas assez de prérogatives dans le suivi des projets.
- Les projets de grande envergure (grande zone géographique) sans dispositif de gestion adéquat ont peu de chance de réaliser des résultats satisfaisants en raison de l’exécution et la supervision difficiles.
- Une implication insuffisante des administrations ministérielles dans la gestion des projets peut influencer négativement la pérennité du développement institutionnel.
- Les projets à nombre élevé de composantes ont peu de chance d’obtenir des résultats satisfaisants, tout comme les composantes peu significatives par leur taille.
- La recherche de cofinancement peut renforcer le dialogue entre partenaires et accélérer le processus d’harmonisation.
- Les effets pervers de la libéralisation de filières agricoles (produits d’exportations) ont permis une reconversion dans le secteur du vivrier aux énormes potentiels de transformation. Les infrastructures de stockage et de mise en marché restent cependant un maillon faible du système.
- L’IRAD est une institution de notoriété sous régionale. Un appui à ses activités peut renforcer l’intégration sous régionale.
- Le PA PSSA a obtenu des peuvent contribuer à l’intégration régionale.
- l’insuffisance d’un dialogue formel du gouvernement avec le secteur privé ne favorise pas l’accès au financement agricole et par suite le développement du secteur.
- l’accès au financement de proximité est un facteur limitant de la pérennisation des acquis des projets.
Main Recommendations
Recommandations à la Banque :
- Dans le cadre de l’harmonisation de l’aide, la Banque devra traiter de la question de la périodicité des DSP en optant pour une vision de plus long terme.
- Privilégier les projets à nombre de composantes réduit sur des zones peu vastes.
- Accorder plus de pouvoir de décision aux « task manager » pour améliorer le système de communication entre la Banque et les CEP.
- Initier des études permettant d’identifier les sous secteurs viables du secteur privé agricole ou exploiter les banques de projets existants (SDSR, NEPAD). Le CDMT a répertorié des projets à financer qui pourraient redynamiser le secteur. Les sous programmes des programmes de renforcement de la compétitivité des produits agricoles et de développement des organisations professionnelles agricoles peuvent faire l’objet d’appui. L’appui au développement des crédits à l’agriculture, et la contribution à la création d’un établissement financier spécialisé constituent des programmes susceptibles de contribuer au développement de l’activité économique en milieu rural. La stratégie de la Banque de privilégier les infrastructures pour le DSP en cours peut permettre le développement de marchés agricoles qui sont sources d’expansion du secteur privé.
- Prospecter les possibilités de cofinancement de projets sous régionaux (recherche agricole, sécurité alimentaire). La FAO pilote le Programme de sécurité alimentaire sous régional. La Banque doit participer à la consolidation de la phase pilote (PA PSSA). La Banque a lancé une étude d’identification pour le Projet Intégration Régionale pour la Recherche Agricole (PIRRA). Compte tenu des acquis de l’IRAD, cette institution pourrait être retenue comme structure de référence dans la mise en œuvre de ce projet
Recommandation(s) au Beneficiare:
- Mettre en place une stratégie de mobilisation de ressources qui permettront la disponibilité des contreparties en temps opportun ;
- Privilégier le secteur dans la mise en œuvre du programme « Gouvernance » soutenu par les bailleurs.
- Créer les conditions d’un dialogue soutenu avec le secteur privé agricole pour exploiter le potentiel existant.
- Favoriser le développement d’une profession de semenciers en milieu rural.
- Favoriser les initiatives de développement de projets sous régionaux en matière de recherche et de sécurité alimentaire.
- Favoriser le développement de la microfinance au Cameroun en milieu rural au profit du secteur agriculture et développement rural.
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Cameroun Évaluation de l’assistance du groupe de la banque au secteur agriculture et développement rural, 1996 - 2004.PDF | 879.19 Ko |