Du Mozambique au Sud au Maroc au Nord, 20 millions de personnes dans les zones rurales et urbaines d'Afrique ont eu accès pour la première fois à l'eau potable grâce aux projets de la Banque africaine de développement (BAD), selon un rapport d'évaluation publié par l’évaluation indépendante du développement (IDEV) de la Banque. Cet accès est particulièrement important en cette période de pandémie de la COVID-19, car la propagation du virus est étroitement liée à l'eau et à l'assainissement. Garantir un accès fiable à l'eau potable pour boire et se laver les mains peut réduire la transmission du coronavirus et aider les gens à rester en bonne santé. Mais aujourd’hui, environ 2,2 milliards de personnes n’ont pas accès à un approvisionnement en eau géré en toute sécurité, et la plupart se trouvent dans les régions les plus pauvres d’Afrique. En outre, plus de 750 millions d'africains n'ont pas accès à un assainissement amélioré. Ces défis liés à l’eau et à l’assainissement risquent d’être encore aggravés par la crise imminente du changement climatique en Afrique et d’exacerber la situation actuelle de la COVID-19. Pour relever ces défis, la Banque a investi 4,5 milliards d'UC au cours des dix dernières années afin de promouvoir un accès universel et équitable à une eau potable sûre et abordable et à un assainissement adéquat et équitable - l'un des principaux objectifs de développement durable (ODD 6).
La pandémie de COVID-19 en cours affecte également la production agricole, avec un impact négatif sur la sécurité alimentaire et la nutrition. L'insécurité alimentaire pourrait tuer plus de personnes en Afrique que la COVID-19. À titre de comparaison, le taux de mortalité dû à la COVID-19 dans le pays le plus touché en Afrique est d'environ 0,06 à 0,08%, soit moins d'un dixième de point de pourcentage. En 2017, dix pays d'Afrique ont perdu plus de 1% de leur population totale à cause de décès prématurés dus à la malnutrition, principalement des enfants et des femmes. Selon le rapport d’évaluation d’IDEV, les projets de la Banque dans le domaine de la gestion de l’eau agricole ont joué un rôle clé dans la réduction de la corvée d’approvisionnement en eau à des fins domestiques et agricoles, et dans l’augmentation de la production et de la productivité agricoles en termes de diversification des cultures agricoles. Ils ont également augmenté les revenus des bénéficiaires du projet. La gestion de l'eau agricole peut aider les agriculteurs africains à optimiser la production, à nourrir une population en croissance rapide et à accélérer la reprise après la pandémie de la COVID-19, ce qui rend les leçons de cette évaluation particulièrement pertinentes.
Malgré ces résultats positifs, la Banque peut faire davantage pour relever les défis de l’Afrique et accélérer le développement humain et économique du continent. L'évaluation d'IDEV fournit des leçons clés pour améliorer les interventions de la Banque dans le secteur de l'eau et accélérer la transformation à long terme du secteur de l'agriculture et de la santé en Afrique.
IDEV a mené quatre évaluations liées au secteur de l'eau: trois évaluations groupées de projets (approvisionnement en eau et assainissement dans des contextes ruraux et urbains, et gestion de l'eau agricole) et une évaluation du secteur de l'eau. Ces évaluations résument les éléments probants, les conclusions et les leçons tirées d'une évaluation indépendante de l'appui fourni par la BAD au secteur de l'eau sur une période de 12 ans (2005-2016), couvrant plus de 400 opérations à travers le continent pour un coût total de projet de 8,2 milliards USD.
L'un des principaux facteurs de succès constatés par l'évaluation est que l'adoption d'approches pilotées par les bénéficiaires est pertinente lorsqu'elle est appliquée de manière cohérente. L'étendue et la qualité de la collaboration avec les parties prenantes locales sont importantes. Au Ghana, par exemple, la participation active des membres de la communauté tout au long de la mise en œuvre du projet a été notée. Cela a été rendu possible grâce à la participation de plus de 600 000 membres de la communauté aux diverses activités du projet liées à la sensibilisation et à la compréhension de l'approche axée sur la demande.
L'évaluation a également identifié certains obstacles au succès d'une intervention dans le secteur de l'eau. Par exemple, la réalisation des résultats de développement peut être compromise par une mauvaise prestation de services, une capacité humaine insuffisante, un financement et une performance limités de la composante assainissement et hygiène ou le manque d'évaluation appropriée des risques critiques du secteur de l'eau. De plus, des études de faisabilité de mauvaise qualité ont conduit à une mauvaise qualité de la conception du projet et à des problèmes de mise en œuvre qui en résultent.
Dans l'ensemble, avoir une vision à long terme des interventions dans le domaine de l'eau est primordial pour le suivi post-réalisation de la fonctionnalité des installations et de la durabilité des résultats.
Ces leçons peuvent fournir des réponses rapides à la crise sanitaire actuelle et de la sécurité alimentaire, et accélérer la transformation à long terme du secteur agricole et de la santé en Afrique.